« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Etre chrétien au Nigéria
La CAN dénonce le retrait du Nigeria des pays sanctionnés pour entraves à la liberté religieuse Abonnés
Explication
À quelques jours de la visite du chef de sa diplomatie au Nigeria, les États-Unis ont retiré ce pays d’Afrique de l’Ouest de sa liste noire des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse. L’Association chrétienne du Nigeria rejette cette décision du gouvernement américain.
Guy Aimé Eblotié,
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La direction de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN) – une importante organisation œcuménique qui rassemble l’Église catholique, les principaux groupes protestants, et les Églises pentecôtistes – a remis en cause la décision des États-Unis de retirer le Nigeria de la liste des « pays particulièrement préoccupants » sur la question de la liberté de religion.
Placé « sous surveillance » en 2019 par les États-Unis, le Nigeria a été ajouté à la liste noire des pays « particulièrement préoccupants » en ce qui concerne la liberté religieuse le 7 décembre 2020. Mercredi 17 novembre, deux jours avant l’arrivée au Nigeria d’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, les États-Unis ont retiré ce pays d’Afrique de l’Ouest de sa liste noire.
« Nous demandons instamment au gouvernement américain de nous aider en nous permettant de savoir ce qui a changé entre le moment où notre pays a été placé sur la liste des “pays particulièrement préoccupants” et aujourd’hui », écrit dans un communiqué, publié dimanche 21 novembre, l’Association chrétienne du Nigeria.
Les chrétiens toujours persécutés
L’organisation chrétienne s’interroge sur les données statistiques qui justifient une telle décision des autorités américaines. « Le gouvernement américain ne nous a pas contactés lorsqu’il a inscrit le Nigeria sur la liste des pays particulièrement préoccupants en matière de liberté de religion et ne nous a pas demandé notre avis avant de retirer le Nigeria de cette liste », explique le pasteur Samson Ayokunle, le président de la CAN. « S’il l’avait fait, nous aurions pu comparer les statistiques d’alors et d’aujourd’hui sur la question de la liberté de religion au Nigeria. »
Aux yeux de la CAN, dans le pays le plus peuplé d’Afrique, les chrétiens ont été et sont toujours persécutés par l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) et le groupe djihadiste Boko Haram. « Ces personnes ont déclaré que leur objectif était de faire disparaître le christianisme du Nigeria et de faire de l’islam la seule religion du nord jusqu’à l’océan Atlantique au sud, rappelle Samson Ayokunle. Ce programme, avec le meurtre de chrétiens, n’a pas cessé jusqu’à aujourd’hui et les Nigérians en sont les témoins vivants. »
De plus, fait-il savoir, les bandits ont rejoint d’autres groupes islamistes militants pour attaquer férocement les églises, tuer les fidèles et kidnapper pour obtenir des rançons. Les bergers font également des ravages. « Nous avons perdu beaucoup de personnes et de lieux de culte à cause de leurs attaques, notamment dans le centre-nord et le nord-est du pays », insiste le président de la CAN.
Discrimination religieuse
En dehors des attaques meurtrières dont font l’objet les chrétiens, l’organisation chrétienne dénonce des discriminations dont sont victimes les communautés chrétiennes au Nigeria et pour lesquelles elle a « presque en vain » interpellé le gouvernement. « Jusqu’à aujourd’hui, notre gouvernement finance toujours l’adhésion du Nigeria à toutes les organisations islamiques internationales comme l’OCI et ses alliés, sans faire partie d’aucune organisation chrétienne internationale », révèle le communiqué.
En outre, depuis près d’un an maintenant, renseigne la CAN, certaines églises rencontrent des difficultés avec le ministère nigérian de l’intérieur pour obtenir de nouveaux livrets de mariage après avoir épuisé ceux qu’elles utilisaient. « Si le gouvernement n’a rien à cacher et qu’il ne s’agit pas d’une subtile discrimination religieuse, pourquoi le ministère n’a-t-il pas expliqué par écrit ou verbalement aux églises qui avaient besoin d’un nouveau livret de mariage pourquoi la fourniture est retardée ? »
La Grande Mosquée de Paris et trois fédérations lancent leur Conseil national des imams
La Grande mosquée de Paris et trois fédérations installent, dimanche 21 novembre à Paris, un Conseil national destiné à certifier les imams, une instance contestée par le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui n’exclut pas de la contester en justice.
Invité dimanche, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin ne viendra pas, a précisé son entourage.
Céline Hoyeau (avec l’AFP),
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Il y a un an, en novembre 2020, dans le cadre de la lutte contre l’islam radical et les « séparatismes », l’Élysée avait poussé les diverses fédérations composant le Conseil français du culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics, à mettre en place un Conseil national des imams. Cette instance serait chargée de « labelliser » les imams exerçant en France. Le projet est toutefois resté lettre morte pendant plusieurs mois, en raison des divisions internes au CFCM.
C’est dans ce contexte, et alors qu’elles ont quitté le bureau exécutif du CFCM en mars, que quatre fédérations musulmanes organisent, dimanche 21 novembre, une « assemblée constitutive » du Conseil national des imams : la Grande Mosquée de Paris (liée à l’Algérie), le Rassemblement des Musulmans de France, Musulmans de France (ex-UOIF proche des Frères musulmans) ainsi que la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles.
Cette assemblée permettra, entre autres, de valider les statuts du nouveau CNI, tandis que, l’après-midi, sera présentée cette instance d’une petite trentaine de personnes qui « pourra notamment agréer les imams et mourchidates (femmes ayant une responsabilité religieuse comme les aumônières par exemple, NDLR) », précise un communiqué. Ce CNI aura aussi pour mission d’élaborer « un statut de l’imam et de la mourchida » et d’établir « leur plan de carrière ».
Selon les quatre fédérations, l’installation de ce CNI œuvre « pour une reconnaissance de leurs efforts en faveur de l’émergence d’un islam républicain, porteur des valeurs de paix, de solidarité et d’ouverture ».
« Un détournement du travail fait sous l’égide du CFCM »
C’est loin d’être l’avis du président du CFCM. Le « Marocain » Mohammed Moussaoui a qualifié cette initiative unilatérale de « détournement du travail fait sous l’égide du CFCM », accusant les quatre fédérations rivales de prendre « en otage l’organisation du culte musulman ».
Pour que le Conseil national des imams soit représentatif de l’ensemble des musulmans de France, il faut, affirme-t-il, qu’il émane des différentes structures régionales et départementales en place. Celles-ci se réuniront le 12 décembre en « congrès » pour mettre en place un CNI.
Dans son communiqué publié le 18 novembre, Mohammed Moussaoui met en outre en garde la Grande Mosquée et ses alliés : le CFCM « se réserve le droit d’agir par tous les moyens légaux pour faire cesser cette attitude irresponsable qui ne fait qu’aggraver une situation de division préjudiciable à tous ».
Invité dimanche par la Grande Mosquée, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin ne viendra pas, a précisé son entourage.
Loup Besmond de SennevilleEnvoyé spécial permanent de La Croix à Rome
LETTRE DU VATICAN. François ne cache pas sa volonté de voyager dans des pays où tout lui semble fermé. Chaque samedi, l’envoyé spécial permanent de « La Croix » au Vatican vous dévoile les coulisses du plus petit État du monde.
Loup Besmond de Senneville (à Rome),
« Ça paraît fou, mais je sens qu’il a envie de venir. » La confidence vient d’un évêque en poste dans l’un des pays les plus sensibles au monde pour l’Église catholique. Et celui qui évoque avec vous, ce jour-là, sa rencontre récente avec le pape n’en revient pas lui-même. « J’ai l’impression que rien n’arrête François, c’est un peu le pape des voyages impossibles. »
Ces derniers temps, tout semble venir confirmer cette analyse d’un pape prompt à vouloir se rendre dans les pays où tout paraît lui être fermé. Quelques années après Bangui, la capitale centrafricaine où il avait dit qu’il était prêt à sauter en parachute si aucun pilote ne voulait y poser son avion, ou à Bagdad, les projets de voyages« impossibles » se poursuivent d’ailleurs au Vatican.
Outre le Soudan du Sud, où François souhaite effectuer un voyage avec le primat de la Communion anglicane, Justin Welby, dès que les négociations de paix auront avancé, le pape veut plus que tout se rendre à Beyrouth. « Le Liban, il l’a ici », dit une source vaticane en se frappant le crâne avec le point. Comme pour décrire ce pape têtu que rien ne dissuade.
Ce n’est un secret pour personne non plus que le pape rêve d’aller à Pékin ou à Moscou, capitales vers lesquelles François envoie de constants signes d’ouverture, quitte à se faire traiter de naïf. Depuis quelques semaines, la nomination d’un évêque coréen à la tête de la Congrégation pour le clergé a même fait renaître des rumeurs sur un très hypothétique déplacement en Corée du Nord. Mgr Lazarus You Heung-sik est en effet l’un des responsables catholiques les plus engagés dans les discussions de réconciliation intercoréenne. Et il plaide depuis trois ans pour ce voyage à Pyongyang qui serait, selon lui, « un pas gigantesque pour une péninsule coréenne pacifiée ». Un voyage qui semble, malgré tout, plus lointain que jamais. Mais qui provoque ce commentaire d’un fin observateur de la Curie : « Enfin, avec ce pape, vous savez, on ne sait jamais… »
Mourad et Stéphanie, la double culture franco-algérienne comme une évidence
Reportage
Frère et sœur, nés d’un père algérien et d’une mère du Pas-de-Calais, ces deux Marseillais revendiquent une double identité heureuse. Et racontent un récit familial à la fois unique et semblable à celui de milliers de binationaux. Identité, en parler sans se fâcher : (re)composer.
« Moi, je suis Français de souche, pleinement. » Attablé dans l’appartement de sa sœur Stéphanie, Mourad Mahdjoubi esquisse un fin sourire. Il est né en 1972 à Marseille. D’un père algérien et d’une mère du Pas-de-Calais. Trois ans avant lui, le couple a eu Stéphanie, dans le Nord. « Orphelin de mère, mon père a été recueilli, enfant, par sa tante à Alger. Il vendait des bricoles, cirait des chaussures… Et puis deux frères pieds-noirs l’ont pris sous leur aile. Il a commencé à faire de la mécanique auto et il est parti en France, où l’on cherchait de la main-d’œuvre », synthétise Mourad.
Ses parents se rencontrent dans un bar, à Roubaix. La jeune femme a l’accent ch’ti, elle travaille aux 3 Suisses ; le jeune homme a passé ses premières années à Khemis Miliana, patrie de plusieurs militants de la guerre d’Algérie, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger. « La société française est très conservatrice. Mais mes parents vivent un vrai amour », reprend leur fils.
« Ici, j’étais Stéphanie, là-bas, Kamila »
Cheveux bruns méchés d’auburn, tunique colorée et sourire communicatif, Stéphanie Mahdjoubi vit dans les quartiers Nord de Marseille. Dans la cité de La Maurelette, non loin de chez ses parents, installés dans cette ville, donc, quand le père y a trouvé un travail de mécanicien naval au début des années 1970. « Mon prénom, clairement, c’est un choix de ma mère », rit la jeune quinqua qui, comme son cadet, possède la double nationalité française et algérienne.
Deux nationalités, presque deux identités. Un été sur deux, la famille franchit la Méditerranée : « Ici, j’étais Stéphanie, là-bas, Kamila. Là-bas, je devais parfois expliquer pourquoi je portais aussi un prénom français et ici, pourquoi j’avais un nom qui venait d’ailleurs… » Sur les bancs de l’école du quartier, l’un de ses camarades est le futur maire de secteur et sénateur du Rassemblement national Stéphane Ravier.
Côté maternel, dans le Pas-de-Calais, le grand-père ancien mineur est devenu boulanger. Mourad chérit autant le souvenir de ses plateaux d’éclairs au chocolat que celui des diatribes communistes de ses oncles. De la campagne algérienne, Stéphanie se rappelle du four en terre glaise que sa tante reconstruisait chaque été pour y cuire son pain. « J’ai grandi dans ces deux récits et cela ne m’a jamais handicapé », glisse Mourad. « La force de nos parents, c’est de nous avoir laissés libres de prendre ce que l’on voulait dans chaque culture », complète son aînée.
Racines familiales entremêlées
Mourad est avocat. Il a réussi le concours du barreau de Marseille en 2013. Stéphanie, elle, travaille dans le secteur social. Ils le disent tous deux, leurs parcours professionnels sont aussi le fruit de ces racines familiales entremêlées. « Cela nous a forgés. Si je suis ouverte aux autres, aux autres cultures, et pas seulement aux miennes, cela vient évidemment de là », cadre la travailleuse sociale.
Lorsque Mourad enfile la robe noire, pour prodiguer du conseil aux entreprises ou défendre un dossier pénal comme celui des victimes des effondrements de la rue d’Aubagne, il sait d’où il vient. « Dès le collège, je voyais bien que c’était toujours les mêmes qui se faisaient exclure, cataloguer, stigmatiser. Cela je l’ai évidemment vécu », reprend-il.
Ado, il rappe au sein du groupe marseillais Uptown, façonne des rimes qui décrivent l’identité et la condition sociale des enfants des quartiers Nord autant qu’elles pourfendent les discriminations dont ils sont l’objet. Avocat, il mesure sa chance d’être capable de parler à tous. S’adresser « au petit brigand du quartier », comme « clasher » un procureur qui flirte avec le racisme.
« Mon identité, j’en serai fière jusqu’à ma mort. »
Un souvenir de lycéen resurgit. Un cours d’histoire « où la décolonisation et la guerre d’Algérie sont balayées en quinze minutes ». Bon élève, un rien perturbateur, Mourad fait un coup d’éclat en classe et est convoqué chez le directeur. Il s’en émeut toujours. « Comment se comprendre si l’on ne se penche pas ensemble sur cette histoire commune ? », interroge-t-il. Si la guerre n’est pas une blessure mal cicatrisée dans la famille Mahdjoubi, elle recèle encore son lot de non-dits.
Mourad interpelle sa sœur : « Tu savais que les tantes, elles planquaient des armes dans les hammams, à Alger ? » L’aînée ouvre des yeux ronds. Cette guerre, leur père ne l’a pas faite, mais il l’évoque souvent. « Il parle de l’indépendance comme d’une fierté, même s’il vivait déjà en France à ce moment-là. Il nous a éduqués dans la complexité des choses. À ses yeux, ce n’était pas : les mauvais pieds-noirs d’un côté et les gentils Algériens de l’autre. Pour autant, faire partie de ce roman national est important pour lui. » Pour ses enfants aussi.
À La Maurelette, dans les quartiers Nord de Marseille, chez Stéphanie. / Jeremy Suyker/item pour La Croix
Stéphanie prépare des cafés. Sur les étagères rouges de sa cuisine, le sel aux cèpes voisine avec les graines de fenugrec. Avec les années de plomb, le lien s’est un peu distendu avec l’Algérie de leur enfance. Puis leur père y a acheté une maison. Mourad y est retourné, il voudrait désormais s’y rendre avec son épouse et ses deux enfants. Stéphanie convoque le goût de la viande cuite aux pruneaux et l’odeur du jasmin du jardin. Être dépositaire de cet héritage est « une telle richesse », insiste-t-elle. « Je ne comprends pas que cela puisse nous être reproché. Mon identité, j’en serai fière jusqu’à ma mort. »
Le discours politique qui se durcit à l’approche de l’élection présidentielle l’inquiète. « Je préfèrerais que l’on entende un peu plus les binationaux qui vivent les choses de façon positive », plaide-t-elle. Une France où Mourad ne pourrait plus s’appeler Mourad, comme l’a suggéré Éric Zemmour ? C’est l’avocat qui répond, cinglant : « Monsieur Zemmour fait du cinéma. La Cour européenne de justice a tranché cette question depuis belle lurette, non ? »
Le regret de ne pas parler arabe
Unis par une belle complicité, le frère et la sœur nourrissent aussi un regret commun : ne pas parler arabe. Petits, ils ont suivi des cours, appris l’arabe littéraire et attrapé à la volée quelques expressions de leurs cousins. « Mes copines sont surtout d’origine maghrébine. Et je ressens parfois un manque de ne pas maîtriser la langue, comme elles », analyse Stéphanie qui touche du doigt son désir d’affirmer son appartenance aux deux communautés.
« Notre père n’a jamais été communautariste », précise Mourad. Sa foi musulmane, l’avocat l’a embrassée à l’adolescence, au gré d’une quête spirituelle personnelle. Stéphanie, elle, est baptisée : « J’ai été conçue hors mariage. À ma naissance, si jamais je mourais dans l’instant, il ne fallait pas que je sois une brebis égarée ! » Mourad s’amuse d’une réminiscence. « Ma grand-mère maternelle était catholique, mais mes oncles “cocos” ne mettaient pas les pieds dans une église. Alors souvent aux mariages ou aux baptêmes, les seuls hommes à assister à l’office, c’étaient mon père et moi ! »
« On raconte juste une histoire française »
La famille baigne dans un syncrétisme bien à elle. Lorsque, jeune homme, Mourad se met à faire le Ramadan, son père lui emboîte le pas. La mère, catholique, croyante, le fait un temps elle aussi, et ne mange pas de porc, comme son mari.
Depuis l’appartement de Stéphanie, le regard coule des collines qui encadrent Marseille au nord-est aux hautes tours des cités avoisinantes. Mourad et Stéphanie ont bien conscience d’être le fruit d’un patrimoine familial à la fois singulier et partagé par de nombreux Marseillais : « On raconte juste une histoire française. »
L’ermite de Tamanrasset sera officiellement reconnu saint par l’Église catholique lors d’une cérémonie organisée le 15 mai 2022 à Rome. Six autres personnes seront canonisées avec lui, dont un autre Français, César de Bus (1544-1607).
Loup Besmond de Senneville (à Rome),
La date était attendue, le Vatican vient de l’annoncer. Charles de Foucauld sera canonisé au cours d’une cérémonie organisée le 15 mai 2022 à Rome, avec six autres futurs saints.
Cette nouvelle intervient plus d’un an après la reconnaissance, le 27 mai 2020, d’un miracle à l’intercession du futur saint. Le 3 mai 2021, le pape François avait présidé un consistoire au cours duquel aurait dû être annoncée la date de canonisation de l’ermite français. Mais l’annonce avait été repoussée, en raison de la persistance de la pandémie, et de l’impossibilité pour les pèlerins de se rendre à Rome.
Né à Strasbourg en 1858, converti à 28 ans, Charles de Foucauld se fait moine puis vit en ermite à partir de 1901, d’abord à Béni-Abbès puis à Tamanrasset, au bord d’un oued du Hoggar, en Algérie. Il sera marqué par sa rencontre avec les musulmans.
« Charles de Foucauld, frère universel »
« Charles de Foucauld, à une époque où on ne parlait pas d’œcuménisme et encore moins de dialogue interreligieux, sans avoir à parler sur le plan théologique avec ceux qui ne partageaient pas sa foi, a été un interlocuteur qui a été l’homme de la charité. C’est bien cela, Charles de Foucauld frère universel », expliquait en 2020 le père Bernard Ardura, postulateur de la cause en canonisation du père de Foucauld à Vatican News.
La date de canonisation de Charles de Foucauld a été annoncée en même temps que celle de six autres bienheureux, qui doivent également être proclamés saints. Parmi eux figure un autre Français, César de Bus (1544-1607), fondateur de la Congrégation des pères de la doctrine chrétienne. C’est aussi le cas de Lazzaro Devasahayam (1712-1752), Luigi Maria Palazzolo (1827-1886), Giustino Maria Russolillo (1891-1955), Maria Francesca de Jésus (1844-1904) et Maria Domenica Mantovani (1862-1934).
Lors d’une canonisation, il est d’usage que le gouvernement du pays concerné envoie à Rome un représentant. Impossible, pour l’heure, de savoir qui sera le représentant français, cette canonisation ayant lieu deux jours après la fin du mandat d’Emmanuel Macron.