Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

[Tribune] Pour en finir avec les stéréotypes
sur les femmes africaines

|
 
Par

Ibrahim Assane Mayaki est le secrétaire exécutif du NEPAD.

Sans nier les difficultés auxquelles les femmes font face en Afrique, il incombe à tous de battre en brèche une approche misérabiliste de ce sujet, estime le patron du Nepad.

En ce 8 mars, journée internationale de la femme, nous devons nous interroger sans complaisance sur les regards que nous portons sur les femmes africaines, que ce soit depuis l’extérieur ou même au sein de notre continent. Et de remettre en question certains stéréotypes les concernant, car il ne rendent tout simplement pas compte des faits.

Commençons par la thématique sensible de la natalité. Pour la plupart, si l’on exclut les mariages forcés, les femmes se battent pour avoir des familles qu’elles aiment. Les chiffres donnent une moyenne de 4,4 enfants par femme en Afrique. L’urbanisation et la scolarisation des filles impactent structurellement ces chiffres à la baisse.

D’ailleurs, les taux de fécondité qui paraissent – à tort – hors de contrôle doivent être examinés au pluriel s’agissant du continent. Seul le Niger, en effet, affiche un pic tombé en 2018 de sept à six enfants par femme selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), tandis que des régions entières sont en passe d’achever leur transition démographique. Le nombre moyen d’enfants par femme ne dépasse plus 2,3 en Afrique australe et 2,9 en Afrique du Nord (contre 1,6 en Europe et 1,8 en France). Ces deux régions se rapprochent ainsi du seuil minimal (2,1) nécessaire au renouvellement de la population.

Sur le plan politique, plusieurs pays se distinguent parmi les plus avancés au monde en termes de parité au Parlement. Le Rwanda se classe premier au rang mondial avec 61 % de femmes députées, presque trois fois plus que la moyenne mondiale. La Namibie arrive 7e avant le Costa Rica, l’Afrique du Sud (10e) et le Sénégal (11e) avant la Finlande, le Mozambique (17e) après la France et l’Éthiopie (19e) après l’Argentine.

La femme africaine n’accuse pas non plus de retard dans sa participation au marché du travail. Au contraire, le taux d’emploi des femmes en Afrique subsaharienne est le plus fort au monde, loin devant l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord. Il s’élève 64,7 % en 2018 selon l’Organisation internationale du travail (OIT), contre 48,5 % de moyenne mondiale. Elles travaillent pour leur immense majorité dans l’économie informelle, ce qui n’est pas forcément synonyme de positions de faiblesse.

Comme le rappelle Bineta Diop, envoyée spéciale du président de la Commission femmes, paix et sécurité de l’Union africaine (UA), les femmes ciblées par des programmes de micro-finance l’affirment haut et fort : « Il n’y a rien de micro ou de petit à notre sujet ! ». Leur ambition dépasse largement les montants qui leur sont prêtés, et se trouve plus en phase avec un outil de financement négligé par les banques et les économistes. La tontine, souvent l’apanage des femmes, voit d’importantes sommes passer de main en main à travers le continent. Les femmes n’attendent pas d’être employées, et prennent volontiers leur destin en main. Grâce à la révolution digitale, nombre d’entre elles créent de nouveaux services et offrent de nouveaux produits sur des marchés digitaux.

Les success stories et les égéries ne manquent pas non plus. Pour mémoire, trois Africaines ont remporté des Prix Nobel : Nadine Gordimer pour la littérature, Wangari Mathai et Leymah Gbowee pour la paix. En octobre 2018, la diplomate Sahle-Work Zewde est devenue présidente de l’Éthiopie. Elle a rejoint une dizaine de femmes ayant été chef d’État comme Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Joyce Banda (Malawi), Catherine Samba-Panza (Centrafrique) et Ameenah Gurib-Fakim (Maurice).

Dans une tribune publiée par le Financial Times le 7 mars, Sahle-Work Zewde estime que beaucoup reste à faire en termes d’égalité des salaires, de promotion à des postes de responsabilité et de congé maternité… L’Afrique n’en est pas moins reconnue par la Banque mondiale comme la région du monde adoptant le plus de réformes en faveur de la femme. Autre signal fort selon la présidente éthiopienne : l’Union africaine (UA) est la première à reconnaître le poids des « normes patriarcales » dans sa feuille de route pour l’égalité femme-homme.

D’autres femmes puissantes dirigent de grandes institutions, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à la Fédération internationale de football (Fifa). La liste serait trop longue de toutes celles qui occupent d’importantes fonctions ministérielles, dirigent de grandes entreprises ou se sont imposées en tant que leaders d’opinion. Pensons par exemple à Chimamanda Ngozi Adichie, romancière nigériane traduite dans plus de 25 langues à travers le monde. Championnes, elles ne le sont pas seulement dans le sport ou les arts, mais aussi dans la société civile, en ville comme en zone rurale.

Il est grand temps pour notre continent de s’éveiller au potentiel de sa meilleure moitié, et pour le monde de le reconnaître. Ma croyance ancienne et profonde est qu’il n’y aura pas de développement sans elles.

Abus: un fléau universel perçu différemment
dans le monde|Vatican News

26/02/2019 par   
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Face aux abus sexuels sur mineurs, l’un des enjeux pour l’Église catholique, est de parvenir à aborder le sujet de la même manière partout dans le monde, malgré les différences culturelles concernant la place de l’enfant, la sexualité, ou la perception du prêtre. La théologienne Karlijn Demasure, ancienne directrice du Centre pour la protection des mineurs à l’université Grégorienne, revient sur ces problématiques.

Les scandales d’abus sexuels ont jusqu’à maintenant touché principalement les pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis. Exception notable, l’affaire Karadima au Chili. Mais cette concentration des dénonciations, des procès et des enquêtes dans une certaine aire culturelle, ne doit pas faire oublier que ce problème des abus concerne l’ensemble du monde et que toutes les conférences épiscopales doivent y faire face.

 

Pourtant la perception des abus n’est pas la même d’un continent à l’autre. [..i] l n’est qu’à voir la différence d’appréciation qui existe sur les mariages précoces. […]

Autre différence, la façon dont l’inceste, dont le tabou est universel, est géré[…].

La figure du prêtre

[..l]a façon dont les sociétés perçoivent le prêtre compte aussi dans la manière dont le problème des abus est affronté. Le prêtre est encore vu comme «l’alter christus », un autre prêtre dont la figure est révérée et au fort pouvoir tant temporel que spirituel. Il est difficile dans ces conditions de le mettre en cause ou tout simplement d’imaginer qu’il puisse faire du mal.

L’Église catholique doit maintenant faire prendre conscience du problème à l’ensemble des évêques et des prêtres du monde entier. Elle doit aussi apporter une réponse commune : le code de droit canon doit, pour la théologienne, être appliqué partout. Les facteurs de risque sont certes différents d’un pays à l’autre, mais la réponse doit être universelle.

Lire et écouter l’entretien avec Karlijn Demasure réalisé par Xavier Sartre: Abus: un fléau universel perçu différemment dans le monde – Vatican News, Vatican News, 22.02.19

L'ONU suggère à la Belgique
de s'excuser pour son passé colonial

Statue représentant le roi Léopold II de Belgique sur sa monture, bouelvard du Régent, à Bruxelles.
© Getty Images/dem10
 

Le groupe d'experts des Nations unies sur les personnes d'origine africaine, basé à Genève, a recommandé le 11 février à la Belgique de présenter des excuses pour son passé colonial. Les atrocités commises durant cette « période sombre » de l'histoire ont été pointées du doigt. Depuis, la polémique enfle, sans que l’on s’achemine pour l’instant vers des excuses officielles.

Une semaine durant, un groupe d'experts des Nations unies a parcouru la Belgique – passant par Bruxelles, Anvers, Namur, Charleroi et Liège – pour rencontrer des représentants des autorités, d'ONG et de la société civile. Voici sa conclusion : « Il semble qu'il y ait un mur du silence sur la colonisation. Afin qu'il y ait une vraie réconciliation et que le processus de décolonisation se poursuive, des excuses de l'Etat belge seraient un premier pas. » Selon l’une des expertes de l'ONU, Dominique Day, le rapport envoie un « Wake up call » (« une alarme de réveil ») à la Belgique, où « les gens ne font pas le lien entre les préjugés, la discrimination et l’histoire coloniale ».

Le monde politique s’est montré très circonspect. Charles Michel, le Premier ministre centriste, s'est d'abord étonné d'un « rapport étrange », un document intermédiaire dont il attend la version finale en septembre. Un autre ténor de la politique, Rudi Vervoort, le ministre-président socialiste de la région de Bruxelles-Capitale, a au contraire estimé que les autorités doivent « être en état de reconnaître notre responsabilité » sur le passé colonial.

« Un pardon historique doit être prononcé, cela me semble vraiment approprié, car un grand nombre de personnes ont été assassinées pour de l’argent », a déclaré Bart de Wever, président des libéraux flamands (NV-A). Bien que son parti ait des positions radicales contre l’immigration, il a estimé que la responsabilité des excuses incombe au roi, la figure de Léopold II étant centrale dans l’histoire coloniale. Interrogé dans la foulée par l’agence de presse Belga, le Palais royal n’a pas souhaité commenter l’appel du comité d’experts de l’ONU, renvoyant au ministère des Affaires étrangères.

L’Africa Museum épinglé

La polémique intervient dans un contexte marqué par un vif débat sur la décolonisation, ravivé par la réouverture en décembre du Musée royal d'Afrique centrale à Tervuren, un vestige de l’époque coloniale. Cette institution, dépoussiérée et rebaptisée Africa Museum, a néanmoins été épinglée par le rapport des experts des Nations unies. Son tort ? Etre encore trop empreinte de l’imagerie coloniale, avec des représentations offensantes et racistes.

Guido Greyssels, le directeur du musée, s’est déclaré « étonné de ces conclusions », qu’il trouve « superficielles ». Les experts ne sont restés qu’une heure dans le musée, affirme-t-il, et guère plus de 5 minutes dans la salle sur le passé colonial. « Je suis d’accord pour dire que la Belgique doit reconnaître qu’il y a eu des fautes dans le passé colonial, ce qui relève de l’enseignement », poursuit Guido Greyssels. « Le musée n’a pas pour rôle de diffuser des messages activistes. »

Les statues dorées qui demeurent dans la rotonde du musée, à la gloire de la mission « civilisatrice » de la Belgique, avec la main posée d’un grand colon sur la tête d’Africains rapetissés à la taille d’enfants, n’ont pas pu être enlevées. Elles sont en effet classées monument historique. « Elles font partie du patrimoine, il faut les voir comme faisant partie du contexte », se défend donc Guido Greyssels.

Un débat lancinant

Le même groupe d'experts avait pointé en 2013 aux Pays-Bas le caractère raciste de la tradition du Zwarte Piet – « Pierre le noir », la figure du serviteur de Saint-Nicolas. Une énorme vague de réactions défensives et de menaces à l’encontre de la délégation des Nations unies avait suivi.

En Belgique, pas de tollé comparable, mais un débat lancinant dont les différents aspects sont « autant de pièces empilées depuis des décennies », note Gia Abrassart, journaliste, auteure et animatrice du Café Congo. Derniers exemples en date : la bande dessinée Tintin au Congo a été rééditée en janvier dernier par la fondation Moulinsart pour les 90 ans de Tintin, comme un motif de fierté alors qu’elle est contestée pour son caractère raciste. Le titre d’un colloque qui s’est déroulé le 15 février à l’Université libre de Bruxelles (ULB) a fait bondir certains pour sa violence : « Pour une politique de gestion des collections coloniales de restes humains dans les universités ».

Encore un signe des réticences à revenir sur un passé avec lequel certains entretiennent une relation ambiguë, cette déclaration : « Léopold II a libéré les Congolais et a pacifié le Congo où il y avait beaucoup de guerres. » La phrase, prononcée sur un plateau de RTL par Aymeric de la Motte, de Mémoires du Congo, une association qui documente la présence belge au Congo, au Rwanda et au Burundi, a fait bondir un maire d’origine congolaise, Pierre Kompany : « Pour vous, 20 millions de morts, c’est peu ? ».

Pour les associations d’afro-descendants, qui ont eu le sentiment d’être enfin entendues, le signal fort envoyé par les Nations unies représente un grand pas en avant. « Le fait qu’un groupe extérieur à la Belgique vienne dire qu’il est temps de faire quelque chose dérange les politiques, certes, explique Gia Abrassart. Mais quelles que soient les positions des uns et des autres sur la restitution des œuvres d’art africaines ou le mouvement décolonial, on ne peut plus échapper à un examen de conscience. »

Forum de Bamako au Mali:
l’immigration au cœur des rencontres

Vue de Bamako, la capitale du Mali, le 9 août 2018. (Image d'illustration)
© REUTERS/Luc Gnago
 

Les travaux de la 19e édition du forum de Bamako ont commencé jeudi 21 février 2019, inaugurés par le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga. Des intellectuels, des hommes de culture, des universitaires et des responsables d'ONG d'Afrique et d'Europe échangent pendant trois jours autour du thème « Immigration : dynamique entre l'Europe et l'Afrique. Opportunité ou menace ? ».

Migration, regards croisés, mais sans passion, c’est l’ambition de la rencontre de Bamako. Des chercheurs, universitaires, intellectuels, diplomates et décideurs se sont donné rendez-vous pour trois jours afin de faire l’état des lieux autour d’un sujet d’actualité.

« Comment construire des ponts et pas des murs et quelles sont les synergies à trouver entre partenaires, aussi bien de la société civile que des décideurs politiques ? », c’est l’ambition affichée de Khady Sakho Niang, la présidente de la plate-forme dénommée Afrique-Europe.

Partage des responsabilités

« L’Europe forteresse », l’expression a été utilisée à plusieurs reprises, lors des travaux de ce jeudi 21 février. La ruée vers l’Europe, malgré les risques des morts en mer, dans le désert, sur les routes de l’immigration clandestine, interpelle les consciences, a-t-on également entendu.

Khady Sakho Niang parle sur ce sujet de responsabilités partagées : « Les solutions partagées, mais aussi les responsabilités partagées. La responsabilité des pays du Sud, c’est d’essayer de créer des opportunités. Des opportunités d’emploi. Je ne dirais pas de développement, parce que je l’ai dit ce matin, ce n’est pas le développement qui va freiner l’immigration. »

Tous les intervenants devront répondre à plusieurs autres questions telles que : que faire ensemble ? Quelle dynamique entre l’Afrique et l’Europe ?

Forum de Bamako au Mali: l’immigration
au cœur des rencontres

Vue de Bamako, la capitale du Mali, le 9 août 2018.
© REUTERS/Luc Gnago
 

Les travaux de la 19e édition du forum de Bamako ont commencé jeudi 21 février 2019, inaugurés par le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga. Des intellectuels, des hommes de culture, des universitaires et des responsables d'ONG d'Afrique et d'Europe échangeront pendant trois jours autour du thème « Immigration : dynamique entre l'Europe et l'Afrique. Opportunité ou menace ? »

Migration, regards croisés, mais sans passion, c’est l’ambition de la rencontre de Bamako. Des chercheurs, universitaires, intellectuels, diplomates et décideurs se sont donné rendez-vous pour trois jours, afin de faire l’état des lieux autour d’un sujet d’actualité.

« Comment construire des ponts et pas des murs et quelles sont les synergies à trouver entre partenaires, aussi bien de la société civile que des décideurs politiques ? », c’est l’ambition affichée de Khady Sakho Niang, la présidente de la plateforme dénommée Afrique-Europe.

Partage des responsabilités

« L’Europe forteresse », l’expression a été utilisée à plusieurs reprises, lors des travaux de ce jeudi. La ruée vers l’Europe, malgré les risques des morts en mer, dans le désert, sur les routes de l’immigration clandestine, interpelle les consciences, a-t-on également entendu.

Khady Sakho Niang parle sur ce sujet de responsabilités partagées : « Les solutions partagées, mais aussi les responsabilités partagées. La responsabilité des pays du Sud, c’est d’essayer de créer des opportunités. Des opportunités d’emploi. Je ne dirais pas de développement, parce que je l’ai dit ce matin, ce n’est pas le développement qui va freiner l’immigration. »

Tous les intervenants devront répondre à plusieurs autres questions telles que : que faire ensemble ? Quelle dynamique entre l’Afrique et l’Europe ?