Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Le déclin des droits de l’Homme, un mouvement
qui vient de loin (The Conversation)

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Au siège des Nations unies à Genève, la salle où se réunit le Conseil des droits de l’Homme.
Ludovic Courtès/Wikimedia, CC BY-SA

Jean-Marc Huissoud, Grenoble École de Management (GEM)

L’abandon par les États-Unis de leur participation au comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies met au grand jour une évolution discrète observable depuis quelques années. Que Donald Trump suive en cela les idéologues les plus durs de son courant (Steve Bannon est resté dans l’ombre), qu’il s’affranchisse de toute contrainte légale opposable au niveau internationale dans l’optique de sa politique migratoire et, plus encore sans doute, prive d’une gamme de possibilité de recours son opposition interne est évident. Mais les États-Unis ne font finalement que prendre un train déjà lancé.

Les promesses non tenues des années 2000

Le recul progressif de l’importance de la Déclaration universelle s’observe en fait au moins depuis les années 80 et la consolidation politique des ex-colonies occidentales. Il s’est renforcé au fur et à mesure de la perte d’hégémonie de l’Occident sur le corpus de normes du droit international. L’émergence économique (et son instrumentalisation politique) de la Chine et d’autres a accéléré le mouvement.

Pour preuve, l’évolution de la formulation des stratégies du développement au sein même des Nations unies. Lors du lancement des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), en 2000, ceux-ci sont affichés comme ayant comme conditions et comme but le renforcement des droits humains. La mention figure dans tous les paragraphes, rappelant que le développement ne peut pas être qu’économique et que sa réalisation implique la mise en œuvre des principes de la Déclaration Universelle.

Les années 2000 sont une époque de promesses. Les émergents sont perçus comme convergents vers les standards européens, et beaucoup pense que cette convergence dans les modes de vie et de consommation initie une démocratisation généralisée.

Le réveil progressif d’une vieille critique

Les textes finaux du programme sont d’une autre nature. Lors de la clôture du programme en 2015, et dans les textes annonçant la stratégie suivante (affichant une priorité plus grande pour le développement responsable), les droits de l’Homme se font plus discrets. En cause ? L’influence croissante de la Chine, de la Russie, de l’Inde et des coalitions de pays du Sud dans les négociations, la prise de leadership de la CNUCED (plus influencée par les Sud) sur le PNUD dans l’élaboration des stratégies, et le réveil d’une vieille critique quant à la Déclaration universelle : celle de véhiculer une vision occidentale colonialiste, ignorante des réalités et des valeurs sociales en dehors de la vieille Europe et de l’Amérique du Nord.

Ce n’est d’ailleurs pas tant le principe des droits de l’Homme qui est rejeté que sa formulation dans la Déclaration universelle. L’Organisation de la Conférence islamique en propose, dès les années 70, une autre version, et le Mali revendique dans les années 2000 l’antériorité des sociétés africaines dans la définition d’une philosophie des Droits de l’homme, se basant sur un texte du XVème siècle dont on ignore s’il a eu, à l’époque, une réelle influence.

Dans la même période, Monique Ibundo, ministre du Développement du Burkina Faso, affirme dans une interview, en février 2007, que « le premier des droits de l’Homme, c’est le développement », rejetant en bloc toute idée d’une conditionnalité de l’aide (néanmoins plus ou moins mise en œuvre par les donateurs).

L’usure du temps

L’affaiblissement de la norme des droits de l’Homme n’est cependant pas uniquement le fruit d’une géopolitique des normes dans le champ de laquelle se joue aussi la compétition pour le leadership mondial, mais dans sa relative usure avec le temps.

Ecrit en réponse aux abus de l’absolutisme monarchique, le texte est aujourd’hui interprété à l’aune exclusive de l’individualisme moderne, déviant de plus en plus de sa signification première. Celle-ci, rappelons-le, cherche à fonder les droits des communautés de colons américains face à la Grande-Bretagne. Etendue au-delà de ses intentions initiales, mobilisée par tout un ensemble d’organisations dans un processus de recours croissant à la justice en son nom, la charte est devenue envahissante et le consensus qu’elle incarnait s’est perdu parmi les multiples interprétations particulières.

L’abandon (sans doute momentanée) par les États-Unis d’un comité chargé de mettre en œuvre un texte dont ils sont l’origine marque aussi ce constat d’une dérive. Ne simplifions pas, quitter le comité des droits de l’Homme de l’ONU n’est pas abandonner toute prétention à incarner les principes du texte. Cela correspond totalement à la position affichée par Donald Trump vis-à-vis du système international.

D’une part, il s’agit de redire qu’il souhaite un retour à une Amérique idéalisée plus proche de ses origines (et le texte était destiné à asseoir les droits de petites communautés plutôt rurales isolées à définir leurs propres règles) ; d’autre part, il réaffirme son souci de ne pas soumettre les Américains à des règles établies ailleurs (réaffirmation de souveraineté).

La conséquence sera sans nul doute une nouvelle dévaluation de l’image internationale des États-Unis. Cela ne changera pas grand-chose dans de nombreuses parties du monde, pour qui ce pays n’incarne plus depuis longtemps les principes qu’il affiche.

C’est même la fin d’une politique de contrôle des activités du comité par les États-Unis, qui laisse le champ libre à d’autres pour reprendre le flambeau. C’est plus dommageable vis-à-vis des opinions européennes, qui dans l’ensemble associent l’Occident aux valeurs de la déclaration.

En Europe, prudence

Alors l’Europe prendra-t-elle le relais dans la défense du projet onusien de diffusion des droits de l’Homme ? Rien n’est moins sûr. Les démocraties européennes se heurtent à des opinions publiques ressentant leur société comme étant en crise profonde, leurs États comme impuissants, et leurs droits à choisir leurs valeurs bafouées, entre autre sous la triple injonction de se plier aux normes européennes, à celles de la mondialisation, et à s’ouvrir à une vague migratoire sans précédent qui challengent leurs consensus identitaires et sociaux.

Le sentiment que les principes doivent céder la priorité à l’action et à l’efficacité pour répondre aux doutes et problèmes se répand. Les populismes prospèrent, et peu d’entre eux sont compatibles avec les principes de la Déclaration tels qu’on les conçoit aujourd’hui.

The ConversationLe véritable défi, pour les Nations unies comme pour les démocraties, ne serait-il pas, dès lors, non pas de défendre coûte que coûte les principes des droits de l’Homme, que de re-questionner leur signification, de les adapter aux contingences contemporaines, de reconstruire un consensus sur leur sens pour le monde moderne et celui à venir.

Jean-Marc Huissoud, Professeur et chercheur, Relations Internationales Stratégies d’internationalisation, Grenoble École de Management (GEM)

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Le pape met en garde contre le renvoi
des migrants en Libye (La Croix Africa)

Le Pape François en audience générale, place Saint-Pierre à la Cité du Vatican, / Pierpaolo Scavuzzo / Photoshot / Maxppp

Soulignant que « l’Italie et la Grèce ont été très généreuses dans l’accueil », le pape, sans renoncer à l’accueil d’urgence des réfugiés, appelle à une solution européenne et insiste sur le développement de l’Afrique.

Au cours de la conférence de presse, dans l’avion qui le ramenait de Genève, jeudi soir 21 juin, le pape François a notamment évoqué la question des réfugiés, rappelant le devoir d’accueil des pays, mais soulignant aussi la nécessité du développement, notamment en Afrique.

« J’ai déjà beaucoup parlé des réfugiés », a-t-il souligné, rappelant ses critères « accueillir, accompagner, promouvoir, intégrer », déjà maintes fois évoqués et soulignant la vertu de « prudence » propre aux gouvernements : « Un pays doit accueillir autant de réfugiés qu’il le peut, et qu’il peut intégrer, c’est-à-dire éduquer et donner du travail », a-t-il expliqué.

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Soulignant que « nous sommes face à une vague de réfugiés qui fuient les guerres et la faim en Afrique, les guerres et la persécution au Moyen-Orient », le pape a notamment « l’Italie et la Grèce », qui « ont été très généreuses dans l’accueil ». Il a aussi insisté sur les nombreux réfugiés syriens accueillis par la Turquie, le Liban et la Jordanie.

« J’ai vu les photos des prisons des trafiquants »

« Des pays comme l’Espagne en ont beaucoup reçu », a-t-il également relevé, complétant un tour des pays méditerranéens d’où la France était absente – il devait plus tard refuser la question des journalistes français évoquant sa prochaine rencontre avec Emmanuel Macron et la question des migrants.

Soulignant le problème du trafic de migrants, il a notamment pointé du doigt le sort des migrants forcés de retourner en Libye. « J’ai vu les photos des prisons des trafiquants. Ils séparent immédiatement les hommes des femmes. Femmes et enfants vont Dieu sait où… », a-t-il raconté, rappelant que de telles choses n’avaient pas été vues « la Seconde guerre mondiale ».

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Le pape François a reconnu que « les gouvernements se préoccupent que les migrants ne retournent pas dans les mains de ces gens » et qu’ils cherchaient notamment à « trouver un accord qui modifie l’accord de Dublin ». [… Lire la suite: Le pape met en garde contre le renvoi des migrants en Libye, Nicolas Senèze, La Croix-Africa, 22/06/18]

Mali: manifestation de Peuls
contre les exactions dont ils sont victimes

Plusieurs centaines de personnes ont participé à la manifestation, à Bamako.
© HABIBOU KOUYATE / AFP

Quelques centaines de Maliens ont marché ce samedi à Bamako pour dénoncer les exactions, notamment de l’armée, l’impunité et l’inaction de l’État. Dans la région de Mopti, dans le centre du pays, les militaires maliens sont couramment accusés d’abus contre des civils appartenant à la communauté peule.

Sur l’une des artères principales de Bamako, quelques centaines de personnes marchent silencieusement, les mains en l’air en signe d’indignation. Ils dénoncent des exactions commises contre des civils dans la région de Mopti où « c’est la loi du plus fort qui règne aujourd’hui, il n’y a pas de justice ».

« La dernière fois qu’on s’en est pris aux Peuls, on les a mis de côté et on les a assassinés. Ça s’appelle comment ? C’est pas dans ce Mali que je suis née ! » s’indigne une manifestante.

Originaire du centre, Hamadoun Dicko, de l’association Tabital Pulakuu, dénonce un amalgame : « Quand tu parles peul ou que tu ressembles aux Peuls, tu es une cible tout de suite ». Il a « même peur de retourner » dans la région, « parce que quand tu es là-bas les jihadistes te prennent pour cible, vont dire "toi tu étais à Bamako, tu es avec les autorités" et les militaires se lèvent pour aller nous tuer, soi-disant que tous les Peuls sont des jihadistes ».

Au moins 43 morts dans le centre du Mali en 2018

Tous insistent : il n’y a pas de conflit entre Peuls et Dogons. « Nous nous sommes originaires de ces régions-là. On a des amis Dogons, on a des amis peuls » assure Oumar Barry, l’un des organisateurs de la marche. Il ne veut pas « que l’Etat oppose ces populations ».

Selon l’ONU, au moins 43 civils ont été tués et 24 blessés lors d’attaques ciblées et de conflits intercommunautaires dans le centre du pays depuis le début de l'année. L’un des derniers exemples en date : les évènements de Boulkessy où des soldats maliens sont accusés d’avoir tué arbitrairement 12 civils le 19 mai. Bavure confirmée en début de semaine par la Minusma, après enquête.

Accueillir-Réfugiés
 
 
Depuis un an, nous récoltons partout en France les "raisons" exprimées par les citoyens pour accueillir les réfugiés. Aujourd’hui, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, nous souhaitions remettre 20.000 raisons au Président de la République. Mais, le Président Macron n’a pas accepté de les recevoir.

Un projet de loi dangereux pour les réfugiés et migrants, des accords pour maintenir les réfugiés à distance, le manque de moyens permettant aux réfugiés de venir en France en toute sécurité… aujourd’hui la France n’est pas à la hauteur des attentes des citoyens.

Pire encore, la semaine dernière, le navire Aquarius qui avait secouru 629 personnes en mer a été balloté entre l’Italie et Malte au péril de la vie des personnes à bord. Finalement, l’Espagne s’est portée volontaire pour accueillir ces personnes. La France, qui n’a pas proposé d’accueillir le bateau dans un port français, s’est contentée de réagir tardivement en dénonçant l’hypocrisie de l’Italie et en proposant d’accueillir un nombre limité de demandeurs d’asile.

La France, avec les autres pays de l’Union Européenne, doit mettre en place un mécanisme de partage de responsabilité pour l’accueil des demandeurs d’asile qui arrivent en Europe, afin d’éviter ces crises qui mettent la vie des personnes en danger.
 
 
J'INTERPELLE LE PRÉSIDENT MACRON
 
Les réfugiés sont les victimes du manque de solidarité entre les pays de l’Union Européenne. Il y a relativement très peu de réfugiés qui arrivent en Europe, 84 % des réfugiés restent dans les pays en développement. Les 28 pays de l’Union Européenne ont la capacité d’accueillir dignement ces personnes, il faudrait juste qu’ils en aient le courage.

Merci pour votre soutien,
 
 
  sylvie  
Sylvie Brigot-Vilain
Directrice Générale d'Amnesty International
France
signature

Migrations: La place centrale de
la personne humaine (Zenit)

logo zenitLe Saint-Siège et le Mexique réaffirment « la place centrale de la personne humaine dans tout exercice politique, y compris celui visant à réguler les flux migratoires », dans un communiqué commun publié après la rencontre sur la migration qui a eu lieu le 14 juin 2018 au Vatican, indique L’Osservatore Romano en italien du 19 juin. Le texte appelle toutes les parties à agir « en équilibrant les principes de solidarité, de subsidiarité et de co-responsabilité ».

Le communiqué du Saint-Siège et du Mexique affirme que « les enfants sont ceux qui souffrent le plus des conséquences de la migration forcée ». En soulignant « la dignité de tout être humain qui se déplace », il rappelle ensuite « l’attitude fondamentale indiquée par le pape François : sortir à la rencontre de l’autre, l’accueillir, le connaître et le reconnaître ».

Le document réitère « l’opportunité de s’engager dans une gouvernance mondiale des flux migratoires », en garantissant le soutien au processus qui devrait « conduire l’ONU à adopter le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière au cours de cette année ». L’élaboration de ce Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration a débuté en avril 2017 et devrait aboutir à l’adoption de l’accord lors d’une conférence intergouvernementale prévue en décembre 2018.

Les politiques migratoires et le rôle des chrétiens, y compris les pasteurs, est aussi au cœur de l’assemblée de printemps de la Conférence des évêques américains qui se tient depuis jeudi dernier  [14/06/18] en Floride. [

Lire la suite: Migrations: protéger les enfants à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, Marina Droujinina, Zenit, 19/06/18]