Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Tchad: un rapport Amnesty
sur l'impact social des mesures d'austérité

Photo d'un marché dans la capitale tchadienne, Ndjamena.
© EU-AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO

Dans un rapport, publié ce lundi 16 juillet, intitulé « Budgets en chute, répression en hausse », l'ONG Amnesty International s'intéresse à l'impact social des mesures prises par le gouvernement tchadien, depuis 2015, pour faire face à la chute brutale des cours du pétrole. Baisse du budget de la santé, coupes budgétaires en matière d'éducation... les populations paient un lourd tribut et, lorsqu'elles manifestent pacifiquement leur lassitude, elles sont victimes de la répression par les forces de l'ordre.

Des mesures d’austérité, mais à quel prix ? Dans son dernier rapport publié ce lundi, Amnesty International montre que les réductions drastiques dans les secteurs de la santé et de l’éducation ont renforcé la précarité des populations les plus vulnérables. Cette étude s’appuie sur les témoignages de 176 personnes recueillis à Ndjamena, Massaguet, Massakory et Sarh.

L’ONG constate que le budget du gouvernement consacré à la santé a diminué de moitié entre 2013 et 2017. Les subventions allouées aux hôpitaux ont aussi baissé. Résultat : des pénuries récurrentes de médicaments et notamment de produits essentiels tels que le paracétamol et les désinfectants.

« Rien ne saurait justifier le non-respect des obligations minimales essentielles en matière de droit à la santé, même une crise économique », déplore Samira Daoud, la directrice régionale adjointe pour d’Afrique de l’Ouest et du centre d’Amnesty.

Seconde victime de ces coupes budgétaires : l’éducation. Suppression des bourses des étudiants, hausse des frais d’inscription dans les universités publiques, réduction de 50 % des primes et indemnités des fonctionnaires… tout ceci contribue à maintenir un faible taux de scolarisation, à avoir des salles de classe sous-équipées et une grogne sociale de plus en plus importante de la part des enseignants et des étudiants, constate l’ONG de défense des droits de l’homme.

" Chaque fois qu'il y a eu des mesures d’austérité qui ont été prises, cela a entraîné des manifestations des populations, de la société civile, des étudiants, des élèves, mais aussi des grèves de fonctionnaires. De janvier à mars, nous avons documenté au moins 12 manifestations. Dans tous ces cas-là, il n’y a eu qu’une seule manifestation pendant laquelle les forces de sécurité n’ont pas eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Que les gens aient fait ou non usage de la force, les forces de sécurité ont frappé des manifestants. Il y a eu plusieurs blessés et 150 personnes, au moins, ont été arrêtées, dont de nombreux élèves et étudiants. Nous, ce que nous constatons c’est que la répression continue au Tchad. Les mêmes restrictions qui existaient avant continuent et sont encore plus renforcées. Par conséquent, le ton a durci encore plus et la situation est, pour nous, très inquiétante d’autant plus que nous avons eu à faire, auparavant, des recommandations et nous constatons que ces recommandations ne sont pas mises en œuvre."

Balkissa Ide Siddo
15-07-2018 - Par Bineta Diagne
Martine-Relaxée
 
 
Martine avait été accusée "d’avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière".

Elle avait accueilli du côté français de la frontière deux adolescents guinéens qui, auparavant, avaient été expulsés de manière illégale par les autorités françaises.

Le tribunal correctionnel de Nice lui a rendu justice hier, en la déclarant innocente.

C’est un grand soulagement pour elle et pour ses proches, mais aussi pour notre association et pour les dizaines de milliers de personnes, comme vous, qui lui ont manifesté leur soutien depuis près d’un an.
 
 
EN SAVOIR PLUS
 
  Cette décision est un nouveau signal pour que ne soient plus possibles les poursuites pénales contre des personnes qui, comme Martine, apportent une aide humanitaire ou une assistance juridique aux migrants et réfugiés.

Le projet de loi "Asile et immigration" actuellement en débat au Parlement est l’occasion de modifier la loi.

Dans les prochaines semaines, nous continuerons notre travail de plaidoyer auprès des parlementaires pour qu’ils mettent la loi française en conformité avec le droit international.

Le protocole de Palerme exige ainsi qu’aucune poursuite pénale ne soit possible contre les personnes qui apportent leur aide à des étrangers sans en tirer aucun "avantage financier ou [...] matériel".
 
 
 
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  Photo : Martine Landry à son procès début 2017

Confidentialité des données : Conformément à la loi française (article 27 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), vous disposez, en vous adressant au Siège d'Amnesty International, d'un droit d'accès, de rectification et d'opposition aux informations vous concernant.

La justice ivoirienne inculpe un imam pour des faits «d'apologie du terrorisme»

Quartier de la commune d'Abobo où officiait l'imam Aguib Touré.
© © RFI/Charlie Dupiot

L'imam Aguib Touré avait été arrêté le 3 juillet. Il est désormais inculpé pour faits d'apologie de terrorisme, a annoncé ce vendredi le procureur de la République ivoirienne Richard Adou. Il est également accusé d'avoir tenu des propos incitant à la haine et à la « xénophobie ». Une information judiciaire a été ouverte et le dossier est devant le juge d'instruction.

Arrêté le 3 juillet, Aguib Touré, un imam de la commune populaire d'Abobo à Abidjan, est un habitué des sermons diffusés sur les réseaux sociaux. Le dernier en date critiquait vertement le gouvernement et notamment les expulsions menées dans les quartiers précaires.

Face au tollé provoqué par son arrestation, le procureur de la République a tenu à s'expliquer ce vendredi lors d'une conférence de presse. Richard Adou a démenti toute atteinte à la liberté d'expression et assuré que l'imam Aguib Touré n'était pas poursuivi pour ses propos largement médiatisés mais pour des faits de « xénophobie », de discrimination d'incitation à la haine et « d'apologie du terrorisme ».
 
« Critiquer n'est pas une infraction, tout le monde a la possibilité de critiquer ce qu'il veut. (...) Ce que la loi réprouve, c'est des critiques qui peuvent impacter négativement la paix sociale, la cohésion sociale, c'est que qui est reproché à l'imam. Il a appelé à ce que les musulmans n'aillent pas inscrire leurs enfants dans des écoles chrétiennes ou protestantes. Il a également fait la promotion du jihadisme. C'est ce que nous appelons l'apologie du terrorisme. »

« A la suite des attentats de Grand Bassam », qui ont fait 19 morts en mars 2016 en Côte d'Ivoire, « mon client a été l'un des premiers responsables religieux à condamner avec fermeté le terrorisme », a réagi Souleymane Diallo, l'avocat de l'imam. « Mon client est profondément bouleversé » par ces accusations d'apologie du terrorisme, a-t-il ajouté.

L'imam Aguib Touré est actuellement en « détention provisoire » et risque, selon le parquet, cinq à dix ans de prison.

Abdennour Bidar :
« La fraternité est l’un des gisements
d’énergie durable du XXIe siècle » – La Croix

Abdennour Bidar
Le philosophe, auteur d’un « Plaidoyer pour la fraternité » (Albin Michel, 2015), réagit à la décision de la Cour de cassation, qui a en partie censuré, vendredi 6 juillet, le « délit de solidarité » au nom du principe de fraternité.

La Croix  : Comment réagissez-vous à la décision de la Cour de cassation, qui a décidé de censurer en partie, vendredi, le « délit de solidarité » au nom du principe de fraternité ?

Abdennour Bidar  : Je me réjouis que le principe de fraternité trouve là une application concrète, en protégeant et en valorisant l’engagement solidaire, le courage solidaire, de celles et ceux qui viennent au secours de la détresse des migrants. Ils sont des « réfugiés », c’est-à-dire des femmes et des hommes qui viennent chercher dans nos pays un refuge contre la guerre, la violence, la misère. Nous avons la responsabilité de les secourir comme sœurs et frères humains.

Ce principe de fraternité vous semble-t-il aujourd’hui sous-estimé, par rapport à la liberté et à l’égalité ?

A. B. : Oui. Nous, Français, nous sommes battus depuis le XIXe et le XXe siècle pour toujours plus de liberté et d’égalité, et d’ailleurs le combat continue tant les forces de destruction de l’humain sont puissantes dans notre monde. Mais aujourd’hui il nous faut ajouter la fraternité, et même renverser la devise républicaine : avoir une conception fraternelle de la liberté et de l’égalité, et cultiver en nous cette vertu de fraternité qui ne se décrète pas.

La fraternité est une disposition du cœur et une attitude concrète de paix, de tolérance, de compassion, d’entraide, etc., qui implique un travail sur soi. Exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui : une transformation personnelle au service d’une transformation sociale.

Au-delà de l’aspect juridique de ces débats, quelle est votre définition de la fraternité ?

A. B. : Se sentir frère ou sœur, c’est ressentir une proximité avec l’autre, et à partir de là ne plus supporter de rester indifférent au besoin qu’il a de nous mais être touché, bouleversé, par ce qui lui arrive, et se servir de cet élan du cœur comme énergie pour agir de façon plus altruiste, engagée, au lieu de l’égoïsme ordinaire. La fraternité est l’un des gisements d’énergie durable du XXIe siècle ! Et comme le ressentent les mystiques, au fond de nous c’est la conscience – à éveiller ou réveiller – d’un lien vital entre l’humain et tous les vivants.

Source : Abdennour Bidar : « La fraternité est l’un des gisements d’énergie durable du XXIe siècle » – La Croix, Recueilli par Loup Besmond de Senneville , 09/07/2018.

Accueil des migrants, le pape déplore l’échec
de son appel à Lampedusa (La Croix Africa)


Le pape François tenant une croix faite du bois de bateaux par lesquels les migrants arrivent lors de sa visite à l’île de Lampedusa, le 8 juillet 2013. 5 ans plus tard, le pape regrette que son appel en faveur de l’accueil des migrants lancé n’ait pas été entendu. / Andreas Solaro/AFP

Vendredi 6 juillet, le pape a célébré une messe pour les migrants dans la basilique Saint-Pierre. Dans son homélie, il a regretté que son appel en faveur de l’accueil des migrants lancé cinq ans plus tôt à Lampedusa n’ait pas été entendu.

François a également manifesté son soutien à l’Église italienne qui s’oppose de plus en plus à la politique anti-immigration menée par le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini.

« Un moment de prière pour les défunts, les survivants et ceux qui les assistent », avait annoncé le Vatican. À l’autel de la chaire de Pierre, au fond de la basilique Saint-Pierre, le pape a célébré une messe, vendredi 6 juillet, pour les migrants cinq ans après sa visite à Lampedusa.

En 2013, François s’était rendu sur cette île italienne, à une centaine de kilomètres des côtes tunisiennes, pour y « pleurer les 20 000 morts » qui, en vingt ans, avaient tenté de traverser la Méditerranée. Dans son homélie, il avait condamné « la mondialisation de l’indifférence ».

Vendredi 6 juillet 2018, devant 200 fidèles présents, parmi lesquels des migrants et ceux qui leur viennent en aide, le pape est revenu sur son allocution de 2013. « Malheureusement, les réponses à cet appel, même si elles sont généreuses, n’ont pas été suffisantes, et nous nous retrouvons à pleurer aujourd’hui des milliers de morts », a-t-il déploré dans son homélie.

Une condamnation de la politique anti migration italienne

Alors que le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, a encore refusé à un bateau humanitaire d’accoster dans un port du pays le l er juillet, le pape a rappelé l’urgence d’accueillir les migrants. [… Lire la suite: Accueil des migrants, le pape déplore l’échec de son appel à Lampedusa. Constance Vilanova,  La Croix Africa, 09/07/18]