Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

St François de Sales
Texte Pris sur le site Zenit


MESSAGE DU PAPE FRANCOIS
POUR LA 52ème JOURNÉE MONDIALE
DES COMMUNICATIONS SOCIALES

le 13 Mai 2018

« La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32).
Fausses nouvelles et journalisme de paix

 

Texte Complet

Rome, 24 janvier 2018

« L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité. » Le pape François combat « la manipulation de la vérité », les « fake news », fausses nouvelles, dans son message pour la 52e Journée mondiale des communications sociales, qui sera célébrée le 13 mai 2018. « Pour discerner la vérité, écrit-il, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. »

Dans ce message, publié le 24 janvier, en la fête de saint François de Sales, le pape encourage à « redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité », c’est-à-dire à « ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement ».

« La vérité a à voir avec la vie entière », ajoute le pape : « Libération du mensonge et recherche de la relation: voici les deux ingrédients qui ne peuvent pas manquer pour que nos paroles et nos gestes soient vrais, authentiques, fiables. »

AK

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Texte complet

« La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32).
Fausses nouvelles et journalisme de paix

Chers frères et sœurs,

dans le dessein de Dieu, la communication humaine est un moyen essentiel de vivre la communion. L'être humain, image et ressemblance du Créateur, est capable d'exprimer et de partager le vrai, le bien, le beau. Il est capable de raconter sa propre expérience et le monde, et de construire ainsi la mémoire et la compréhension des événements. Mais l'homme, s'il suit son propre égoïsme orgueilleux, peut faire un usage déformé de la faculté de communiquer, comme l’illustrent dès l’origine les épisodes bibliques de Caïn et Abel et de la tour de Babel (cf. Gn 4,1-16; 11,1-9). La manipulation de la vérité est le symptôme typique d'une telle distorsion, tant au niveau individuel que collectif. Au contraire, dans la fidélité à la logique de Dieu, la communication devient un lieu d'expression de sa propre responsabilité dans la recherche de la vérité et dans la réalisation du bien. Aujourd'hui, dans un contexte de communication toujours plus rapide et au sein d'un système numérique, nous voyons le phénomène des «fausses nouvelles», les soi-disant fake news: cela nous invite à réfléchir et m’a suggéré de consacrer ce message au thème de la vérité, comme l’ont déjà fait plusieurs fois mes prédécesseurs depuis Paul VI (cf. Message 1972: « Les communications sociales au service de la vérité »). Je voudrais ainsi contribuer à l'engagement commun pour prévenir la diffusion de fausses nouvelles et pour redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité.

1. Qu'est-ce qui est faux dans les "fausses nouvelles"?

Fake news est un terme discuté et qui fait l’objet de débat. Il s'agit généralement de la désinformation diffusée en ligne ou dans les médias traditionnels. Cette expression fait référence à des informations non fondées, basées sur des données inexistantes ou déformées et visant à tromper voire à manipuler le lecteur. Leur propagation peut répondre à des objectifs fixés, influencer les choix politiques et favoriser des gains économiques.

L'efficacité des fake news est due principalement à leur nature mimétique, à la capacité d'apparaître plausibles. En second lieu, ces nouvelles, fausses mais vraisemblables sont fallacieuses, dans leur habilité à focaliser l'attention des destinataires, en se fondant sur des stéréotypes et des préjugés diffus dans un tissu social, en exploitant les émotions immédiates et faciles à susciter, comme la peur, le mépris, la colère et la frustration. Leur diffusion peut compter sur une utilisation manipulatrice des réseaux sociaux et des logiques qui en garantissent le fonctionnement: ainsi les contenus, bien que non étayés, gagnent une telle visibilité que même les dénégations de sources fiables peinent à en limiter les dégâts.

La difficulté de dévoiler et d'éradiquer les fake news ou fausses nouvelles est également due au fait que les gens interagissent souvent dans des environnements numériques homogènes et imperméables à des perspectives et opinions divergentes. La conséquence de cette logique de la désinformation est que, au lieu d'avoir une confrontation saine avec d'autres sources d'information, ce qui pourrait mettre positivement en discussion les préjugés et ouvrir à un dialogue constructif, on risque de devenir des acteurs involontaires dans la diffusion d’opinions partisanes et infondées. Le drame de la désinformation est la discréditation de l'autre, sa représentation comme ennemi, jusqu'à une diabolisation susceptible d’attiser des conflits. Les fausses nouvelles révèlent ainsi la présence d'attitudes en même temps intolérantes et hypersensibles, avec pour seul résultat le risque d’expansion de l'arrogance et de la haine. En fin de compte, cela mène au mensonge.

2. Comment pouvons-nous les reconnaître?

Aucun d'entre nous ne peut être exonéré de la responsabilité de contrecarrer ces faussetés. Ce n'est pas une tâche facile, parce que la désinformation est souvent basée sur des discours variés, délibérément évasifs et subtilement trompeurs, et use parfois de mécanismes raffinés. Il convient donc de louer les initiatives éducatives qui permettent d'apprendre à lire et à évaluer le contexte communicatif, enseignant à ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement. Il faut également louer les initiatives institutionnelles et juridiques visant à définir des réglementations pour freiner le phénomène, ainsi que celles entreprises par les sociétés de Technologies et de Média, afin de définir de nouveaux critères pour la vérification des identités personnelles qui se cachent derrière les millions de profils numériques.

Mais la prévention et l'identification des mécanismes de la désinformation nécessitent également un discernement profond et attentif. Il faut démasquer en effet ce qui pourrait être défini comme "la logique du serpent", capable partout de se dissimuler et de mordre. C'est la stratégie utilisée par le «serpent rusé», dont parle le Livre de la Genèse, celui qui, au commencement de l'humanité, est devenu l'auteur de la première “fake news” (cf. Gn 3,1-15), qui a conduit aux conséquences tragiques du péché, mises en acte ensuite dans le premier fratricide (cf. Gn 4) et dans d'autres formes innombrables du mal contre Dieu, le prochain, la société et la création. La stratégie de cet habile "père du mensonge" (Jn 8,44) est précisément le mimétisme, une séduction rampante et dangereuse qui fait son chemin dans le cœur de l'homme avec des arguments faux et attrayants. Dans le récit du péché originel, le tentateur, en fait, s'approche de la femme feignant d'être son ami, de s’intéresser à son bien, et commence le discours avec une affirmation vraie, mais seulement partiellement: « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3,1). Ce que Dieu avait dit à Adam n'était pas en réalité de ne manger d’aucun arbre, mais seulement d'un arbre : « Mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas » (Gn 2,17). La femme, répondant, l'explique au serpent, mais elle se fait attirer par sa provocation : « Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “ Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez. ” » (Gn 3,2). Cette réponse sait se faire légaliste et pessimiste: ayant donné crédibilité au faussaire, se laissant séduire par son arrangement des faits, la femme se fait corrompre. Ainsi, de prime abord elle prête attention à son assurance: « Vous ne mourrez pas du tout » (v. 4). Puis la déconstruction du tentateur assume une apparence crédible : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (v. 5). Finalement on en vient à discréditer la recommandation paternelle de Dieu, qui visait le bien, pour suivre l’incantation séduisante de l'ennemi: « La femme vit que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable » (v. 6). Cet épisode biblique révèle donc un fait essentiel pour notre discours: aucune désinformation n'est inoffensive; de fait, se fier à ce qui est faux, produit des conséquences néfastes. Même une distorsion apparemment légère de la vérité peut avoir des effets dangereux.

L’enjeu en fait, c’est notre avidité. Les fake news deviennent souvent virales, en réalité elles se répandent rapidement et de manière difficilement contrôlable, non pas en raison de la logique de partage qui caractérise les médias sociaux, mais plutôt pour leur emprise sur l'avidité insatiable qui s’allume facilement dans l'être humain. Les mêmes motivations économiques et opportunistes de la désinformation ont leur racine dans la soif du pouvoir, de l’avoir et du plaisir, qui, finalement, nous rend victimes d'un imbroglio beaucoup plus tragique que chacune de ses manifestations singulière: celui du mal, qui se meut de mensonge en mensonge pour nous voler la liberté du cœur. C'est pourquoi éduquer à la vérité signifie éduquer à discerner, évaluer et pondérer les désirs et les inclinations qui s’agitent en nous, pour ne pas nous retrouver privés de bien « en mordant » à toute tentation.

3. «La vérité vous rendra libres» (Jn 8,32)

La contamination continuelle par un langage trompeur finit en fait par embrumer l'intériorité de la personne. Dostoïevski a écrit quelque chose de remarquable dans ce sens : « Celui qui se ment à soi-même et écoute ses propres mensonges arrive au point de ne plus pouvoir distinguer la vérité ni en soi ni autour de soi ; ainsi il commence à ne plus avoir l’estime de soi ni des autres. Ensuite, n’ayant plus l’estime de personne il cesse aussi d’aimer, et alors en manque d’amour, pour se sentir occupé et se distraire, il s’adonne aux passions et aux plaisirs vulgaires ; et dans ses vices il va jusqu’à la bestialité ; et tout cela dérive du mensonge continuel aux autres et à soi-même.» (Les frères Karamazov, II, 2).

Comment nous défendre? L'antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité. Dans la vision chrétienne, la vérité n'est pas seulement une réalité conceptuelle, qui concerne le jugement sur les choses, les définissant vraies ou fausses. La vérité ne consiste pas seulement à porter à la lumière des choses obscures, à "dévoiler la réalité", comme l’ancien terme grec qui le désigne, aletheia (de a-lethès, "non caché"), conduit à penser. La vérité a à voir avec la vie entière. Dans la Bible, la notion porte en soi le sens de soutien, de solidité, de confiance, comme le donne à comprendre la racine 'aman, dont provient également l'Amen liturgique. La vérité est ce sur quoi l’on peut s’appuyer pour ne pas tomber. Dans ce sens relationnel, le seul vraiment fiable et digne de confiance, sur lequel on peut compter, et qui est «vrai», est le Dieu vivant. Et c’est l'affirmation de Jésus: « Je suis la vérité » (Jn 14,6). L'homme, alors, découvre et redécouvre la vérité quand il en fait l’expérience en lui-même comme fidélité et fiabilité de celui qui l'aime. C’est seulement cela qui libère l’homme : "La vérité vous rendra libres" (Jn 8,32).

Libération du mensonge et recherche de la relation: voici les deux ingrédients qui ne peuvent pas manquer pour que nos paroles et nos gestes soient vrais, authentiques, fiables. Pour discerner la vérité, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. La vérité, par conséquent, ne s’acquiert pas vraiment quand elle est imposée comme quelque chose d'extrinsèque et d’impersonnel; elle découle au contraire de relations libres entre les personnes, de l’écoute réciproque. En outre, on ne cesse jamais de chercher la vérité, parce que quelque chose de faux peut toujours s'insinuer, même en disant des choses vraies. Un argument impeccable peut en fait reposer sur des faits indéniables, mais s'il est utilisé pour blesser quelqu’un et pour le discréditer aux yeux des autres, aussi juste qu'il apparaisse, il n'est pas habité par la vérité. A partir des fruits, nous pouvons distinguer la vérité des énoncés: s'ils suscitent la controverse, fomentent les divisions, insufflent la résignation ou si, au contraire, ils conduisent à une réflexion consciente et mûre, au dialogue constructif, à une dynamique fructueuse.

4. La paix est la vraie nouvelle

Le meilleur antidote contre les faussetés, ce ne sont pas les stratégies, mais les personnes : des personnes qui, libres de l’avidité, sont prêtes à l’écoute et à travers l’effort d’un dialogue sincère laissent émerger la vérité ; des personnes qui, attirées par le bien, se sentent responsables dans l'utilisation du langage. Si la façon de sortir de la propagation de la désinformation est la responsabilité, cela concerne particulièrement celui qui est responsable par devoir d'informer, c’est-à-dire le journaliste, gardien des nouvelles. Celui-ci, dans le monde contemporain, n’exerce pas seulement un métier, mais une véritable mission. Il a la tâche, dans la frénésie des nouvelles et dans le tourbillon des scoop, de rappeler qu'au centre des informations ce n’est pas la rapidité dans la transmission et l'impact sur l’audience, mais ce sont les personnes. Informer c’est former, c’est avoir affaire avec la vie des personnes. C’est pourquoi, l'exactitude des sources et le soin de la communication sont de véritables processus de développement du bien, qui génèrent la confiance et ouvrent des voies de communion et de paix.

Je voudrais donc adresser une invitation à promouvoir un journalisme de paix, n'ayant toutefois pas l'intention avec cette expression d’évoquer un journalisme « débonnaire » qui nie l'existence de graves problèmes et assume des tonalités mielleuses. J’entends, au contraire, un journalisme sans duperies, hostile aux faussetés, aux slogans à effet et aux déclarations emphatiques; un journalisme fait par des personnes pour les personnes, et qui se comprenne comme un service à toutes les personnes, spécialement à celles-là – qui sont la majorité au monde - qui n'ont pas de voix; un journalisme qui ne brûle pas les nouvelles, mais qui s'engage dans la recherche des véritables causes des conflits, pour en favoriser la compréhension à partir des racines et le dépassement à travers la mise en route de processus vertueux; un journalisme engagé à indiquer des solutions alternatives à l'escalade de la clameur et de la violence verbale.

C’est pourquoi, nous inspirant d’une prière franciscaine, nous pourrions ainsi nous adresser à la Vérité en personne:

Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix.
Fais-nous reconnaitre le mal qui s'insinue dans une communication qui ne crée pas la communion.
Rends-nous capables d'ôter le venin de nos jugements.
Aide-nous à parler des autres comme de frères et de sœurs.
Tu es fidèle et digne de confiance; fais que nos paroles soient des semences de bien pour le monde:
Là où il y a de la rumeur, que nous pratiquions l'écoute;
Là où il y a confusion, que nous inspirions l'harmonie;
Là où il y a ambiguïté, que nous apportions la clarté;
Là où il y a exclusion, que nous apportions le partage;
Là où il y a du sensationnalisme, que nous usions de la sobriété;
Là où il y a de la superficialité, que nous posions les vraies questions;
Là où il y a des préjugés, que nous suscitions la confiance;
Là où il y a agressivité, que nous apportions le respect;
Là où il y a la fausseté, que nous apportions la vérité.
Amen.

François

FRANCISCUS

Thèmes des Journées précédentes

2017 Communiquer l'espérance et la confiance en notre temps
2016 Communication et miséricorde : une rencontre féconde
2015 La famille, milieu privilégié de la rencontre dans la gratuité de l'amour
2014 La communication au service d'une culture de la rencontre
2013 Réseaux Sociaux: portes de vérité et de foi; nouveaux espaces pour l’évangélisation.
2012 Silence et Parole: chemin d’évangélisation.
2011 Vérité, annonce et authenticité de vie à l’ère du numérique.
2010 Le prêtre et la pastorale dans le monde digital: les nouveaux medias au service de la Parole.
2009 Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d’amitié.
2008 Les médias: au carrefour entre rôle et service. Chercher la Vérité pour la partager.
2007 Les enfants et les moyens de communication social: un défi pour l'education.
2006 Les médias: réseaux de communication, de communion et de coopération.

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Martine-Landry
 
 
  Demain, Martine Landry, notre militante poursuivie pour "délit de solidarité" devra à nouveau se rendre devant le Tribunal correctionnel de Nice.

Martine Landry, membre du groupe local de Menton est accusée d’avoir "facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière".

Elle devait initialement passer devant le Tribunal correctionnel de Nice le 8 janvier. Mais la juge décide alors de reporter l’audience au 14 février afin de mieux étudier le dossier notamment le circuit de la demande de protection des deux jeunes migrants d’origine guinéenne auprès de l’Aide sociale à l’enfance.

Cependant, l’histoire se répète quand, le 14 février, le tribunal décide à nouveau de repousser l’audience de Martine Landry au 11 avril pour cette fois-ci permettre l'obtention de pièces encore manquantes et de mieux étudier celles reçues.

Début avril, c’est en raison de la grève des avocats et des magistrats que le procès de Martine Landry est une nouvelle fois reporté.

L’audience est fixée au 30 mai et Martine s’apprête donc à passer enfin devant le tribunal. A vos côtés, nous continuons de la soutenir dans cette épreuve.

"Je suis convaincue de la justesse de mon action, je n’ai fait qu’appliquer le droit. Les milliers de messages de soutien que j’ai reçus m’ont beaucoup émue et me donnent de la force" témoigne Martine.
 
 
EN SAVOIR PLUS
 
  Martine est accusée à tort "d’avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière". Or, elle n’a fait qu’attendre du côté français de la frontière deux adolescents guinéens, auparavant expulsés de manière illégale depuis la France, pour les accompagner à pied au poste de la Police aux frontières.  
 

Niger: les autorités s’inquiètent de la présence des réfugiés soudanais à Agadez

Une camionnette transportant des migrants passe à Agadez au Niger. Les passagers s'accrochent aux bâtons attachés au camion, à ne pas tomber en roulant dans le désert.
© AFP/Issouf Sanogoissouf Sanogo

Nous reparlons de la précarité au Niger, des réfugiés soudanais originaires du Darfour. Depuis décembre 2017, près de 2 000 personnes affluent de manière ponctuelle sur Agadez. Leur statut reste flou, dans cette ville du centre du pays déjà préoccupée par la gestion des migrants qui abandonnent leur voyage pour l'Europe.

Ils ont traversé le désert avec un sac à dos ou une petite valise : près de 2 000 réfugiés soudanais, originaires du Darfour, ont fui la Libye ces derniers mois pour gagner le Niger. Bien souvent, ces personnes ont fait la difficile expérience de la détention en Libye. Certains réfugiés racontent avoir été victimes de pratiques esclavagistes dans des sites agricoles.

Ils arrivent à Agadez l’esprit bouleversé, avec un statut qui reste encore flou, comme l'explique Vincent Cochetel, l'envoyé spécial du Haut Commissariat aux réfugiés dans le sud de la méditerranée. « Il faut qu’on comprenne mieux un petit peu le mouvement. Il faut vraiment séparer les gens en sous-groupes en fonction des motifs pour lesquels ils ont quitté le Soudan, le Tchad et essayer de trouver des solutions différenciées pour ces gens-là. Et puis il y a une grande peur au niveau des autorités du Niger que toute action positive entraine un appel d’air, parce qu’il y a malheureusement d’autres milliers de Soudanais et autres ressortissants de pays tiers du Sahel. »

À Agadez, habitants et autorités expriment un certain scepticisme sur la présence de ces personnes, notamment Rhissa Feltou, le maire de la ville. « Nous avons une masse importante, plus d’un millier de Soudanais qui sont passés par Agadez. Et cela crée encore un phénomène nouveau qui nous préoccupe. Ces personnes-là, malheureusement, sont dans une situation parfois un peu difficile à soutenir. Au regard effectivement de l’insécurité, de l’instabilité de la Libye, je pense que les menaces sont là et existent. »

Signe de leur précarité : il y a une dizaine de jours, 145 demandeurs d'asile ont été expulsés vers la Libye, notamment en raison de questions d'ordre sécuritaire.

La parole maltraitée des jeunes migrants (The Conversation)

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« Regard de migrant », rue Louis Blanc, à Paris.
Jeanne Menjoulet/Flickr, CC BY

Igor Babou, Université Paris Diderot – USPC and Joëlle Le Marec, Sorbonne Université

Le 4 janvier 2018, des membres d’un réseau d’hébergeurs de migrants isolés font circuler l’avis négatif émis par la Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé du département de Paris, en réponse à la demande de statut de mineur isolé par un jeune Malien récemment arrivé

L’argument principal pour mettre en doute la minorité est la « maturité » du jeune « qui a pris seul l’initiative de quitter son pays ».

De nombreux autres récits de parcours migratoires sont qualifiés d’« imprécis » ou de peu crédibles. Ce jeune, comme tant d’autres, est donc mis à la rue, avec la possibilité de faire un recours, mais sans autre aide que celle des bénévoles qui tentent de compenser l’indifférence des pouvoirs publics face à la situation d’un jeune isolé sans ressources ni famille, en plein hiver.

Autre cas : celui d’un jeune Ivoirien hébergé par un des auteurs de ce texte, qui depuis fin août 2017 attend de rencontrer le juge des enfants suite à un recours effectué il y a 8 mois. Le statut de mineur isolé étranger lui avait été refusé par cette même direction de l’action sociale. Sur l’avis, une brève biographie tirée de « l’entretien d’évaluation » était ainsi rédigée :

« Vous quittez alors le pays. Vous passez par le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie, pour aller en Libye […] avant d’embarquer sur un zodiac à destination de l’Italie […] vous n’apportez aucun élément tangible permettant d’étayer la minorité et l’isolement que vous alléguez. »

Dans quelles situations de parole les jeunes migrants sont-ils mis par nos institutions au moment où ils sollicitent une protection ? Quel type de « vérité » peut-on attendre de tels dispositifs de recueil de la parole ? Que penser des récits qui en sont tirés et des conséquences en termes de politiques publiques, pour ces jeunes, et pour l’ensemble de la société française ?

Nous allons voir que les sciences sociales peuvent nous aider à poser correctement ce type de question, lorsqu’elles articulent des travaux scientifiques et une enquête ou une implication directe dans les situations vécues. L’enjeu est ici, pour nous qui sommes à la fois des chercheurs en sciences sociales et des citoyens engagés dans des actions de solidarité et de défense des droits humains, de faire circuler dans le débat public certains arguments qui n’y sont pas discutés.

L’exemple américain des jeunes Noirs du ghetto

Les récits de ces entretiens, ainsi que la lecture des récépissés administratifs, laissent penser que l’ensemble de ce dispositif ne consiste qu’à soutirer des informations qui sont immédiatement mises en doute dans les conclusions. Compte tenu de notre expérience de la pratique de l’entretien d’enquête sociologique, un double présupposé nous heurte : tout d’abord, le dispositif est posé comme une mécanique de recueil de la vérité qui n’introduirait aucun biais ; ensuite, cette vérité supposée est immédiatement niée en raison du soupçon que la personne interrogée mentirait.

Comment se fait-il que ceux qui mènent des entretiens ou des interrogatoires ne mobilisent pas les travaux de sociolinguistique tels que ceux de William Labov ? Son travail sur les conditions de l’administration des questionnaires aux jeunes des ghettos noirs de New York dans les années 60 à 70 a permis de dénoncer des politiques publiques racistes dans le domaine éducatif.

En effet, sur la base d’entretiens menés par des psychosociologues, les autorités administratives et éducatives états-uniennes considéraient que, faute d’un environnement culturel et linguistique suffisamment riche, les jeunes Afro-Américains des ghettos ne disposaient pas de compétences suffisantes pour être scolarisés de la même manière que les jeunes États-Uniens blancs. Répondant par monosyllabes aux enquêteurs, ces jeunes paraissaient incultes, incapables de manier correctement la langue anglaise, et même de maîtriser la logique.

Labov s’est alors interrogé sur le dispositif des entretiens. Ce dernier mettait en présence un enquêteur adulte blanc bienveillant assis derrière un bureau, et qui posait des questions à un jeune des ghettos. La plupart des entretiens débouchaient sur une parole composée de monosyllabes, sans argument ni développement. Soupçonnant que ce dispositif biaisait la production de parole, car il ressemblait à un interrogatoire de police, il forma des jeunes Afro-Américains des ghettos à l’enquête sociologique et transforma le dispositif : le jeune enquêteur afro-américain s’asseyait par terre face à plusieurs jeunes, et, ouvrant la conversation par des blagues, les questions portaient alors sur la vie du ghetto, les bagarres entre bandes rivales, etc. Et là, surprise, on obtenait une parole structurée, des arguments et même une créativité linguistique, en dépit de l’argot new-yorkais mobilisé.

Des constats stéréotypés

Avec Labov, on est donc passé d’une conception des jeunes Afro-Américains comme ne disposant pas d’une compétence logique et linguistique, au constat que c’était en raison des conditions pratiques d’administration des entretiens qu’on mettait en place des politiques éducatives racistes ne tenant pas compte des compétences de ces mêmes jeunes. Les dysmétries inscrites dans des rapports de race et de classe induisaient des biais considérables dans les réponses des enquêtés.

Boulevard de la Chapelle, à Paris (juillet 2017).
Jeanne Menjoulet/Flickr, CC BY

C’est ce type de biais qui semble intervenir dans les entretiens réalisés par les personnes en charge de l’examen des dossiers de migrants qui conduisent trop souvent au constat stéréotypé d’une trop grande autonomie de ces mineurs, supposée prouver leur majorité, ce qui les exclut des aides auxquelles ils auraient droit.

La question n’est pas simplement celle d’une traduction correcte de leurs réponses, mais celle du dispositif d’entretien lui-même, qui ne peut conduire à aucune connaissance valide sur la personnalité, l’autonomie et encore moins l’âge des jeunes migrants.

Labov fournit ici des éléments pour contester scientifiquement le sens commun administratif et juridique qui déshumanise notre démocratie face au fait anthropologique majeur que constitue la migration et les exils de jeunes d’origine non européenne.

Les calculs « stratégiques » des politiques

Le second biais que nous avons évoqué est la présupposition d’un mensonge : comme s’il était inévitable que les migrants rusent et mentent pour s’en sortir. Patrick Watier, dans ses travaux sur la confiance, s’interroge sur la manière dont les théories du fonctionnement social sont hantées par l’idée que les individus seraient préoccupés par le souci d’agir par calcul rationnel. Notre rapport à la parole de ceux qui sollicitent une aide est altéré par la conviction que c’est l’intérêt, et non la vérité, qui les guiderait.

Que dire alors de personnalités politiques, qui ayant du pouvoir, parlent non pour dire le vrai, mais par calcul stratégique ? Le 8 janvier dernier, interviewée sur BFMTV, Valérie Pécresse affirme sans aucune source à l’appui : « Plus de la moitié de ces jeunes ne sont pas de vrais mineurs. » Or cet énoncé est invérifiable. Même les tests osseux sont considérés par l’Académie nationale de médecine comme non fiables. Son objectif est ouvertement de justifier le refus de solidarité (le coût de cette solidarité est mentionné juste avant ce « constat » du mensonge des jeunes qui la sollicitent).

Cette responsable politique tient ici des propos qui relèvent du calcul stratégique, pour dénoncer le mensonge par calcul stratégique de la part des migrants. Finalement, la fameuse « maturité » dont les jeunes sont crédités à leur détriment repose certainement, par effet miroir, sur l’hypothèse implicite que leur intérêt les pousserait à mentir.

« Je m’en veux beaucoup de t’avoir abandonnée, à cause de moi maman ne dort plus »

La fréquentation quotidienne de jeunes migrants à qui le statut de mineur est refusé nous place en situation de les entendre s’exprimer et se raconter, hors interrogatoires. Ainsi, lors d’un atelier musical dans un centre culturel, quatre jeunes composent et chantent une chanson dont le texte a été écrit par l’Ivoirien de 16 ans, évoqué plus haut :

« Je suis parti sans te dire au revoir, aujourd’hui je me sens seul, maman […] grâce à ta bénédiction les gens m’aiment beaucoup […] Je m’en veux beaucoup de t’avoir abandonnée, à cause de moi maman ne dort plus. »

La chanson est ponctuée d’un refrain repris en chœur « Mama, mama, eehhh ! mama, mama. » Ce sont bien des enfants qui s’expriment, et qui chantent la tristesse d’être loin de leur mère. Ce sont des préoccupations d’enfants qui réclament assistance et affection maternelle. Ces mêmes enfants se voient refuser la reconnaissance de leur besoin d’assistance en raison d’un dispositif de recueil de paroles inadapté et déshumanisé.

Par ailleurs, lors d’une audience ce jeune Ivoirien a lui-même rectifié une confusion le concernant : il aurait peut-être pu bénéficier d’une erreur en sa faveur à cause d’une homonymie avec un migrant plus jeune que lui. Mais il a pourtant rectifié immédiatement l’erreur, lui-même, par respect de la vérité.

Les sciences sociales, et nos observations, permettent de changer le regard sur les phénomènes migratoires. On pourrait réhumaniser nos politiques publiques tout en les inscrivant dans une exigence de vérité, de manière à les dégager de leurs biais idéologiques. Il est urgent de faire usage des connaissances des sciences sociales pour dépasser le sens commun administratif, pour critiquer les dispositifs de recueil de la parole des migrants et éviter ainsi de très graves erreurs au coût humain incalculable.

Nous avons tous les éléments en main, et il est donc incompréhensible que des procédures aussi frustes qu’injustes et erronées servent de base à l’administration de la justice dans un État de droit.

Igor Babou, Professeur, Université Paris Diderot – USPC and Joëlle Le Marec, Professeure en sciences de l’information et de la communication au CELSA, Sorbonne Université

This article was originally published on The Conversation. Read the original article.

Au Tchad, deux ministres refusent de prêter serment
«au nom d’Allah» (La Croix-Africa)

Idriss Déby/DR

Au Tchad, deux semaines après l’adoption de la nouvelle Constitution, un débat se pose sur le caractère laïque de la IVe République.

Jeudi 10 mai, une ministre chrétienne a été limogée parce qu’elle a refusé de prêter serment sur la Bible. Une autre a modifié la formule de prestation de serment qui oblige les membres du gouvernement à jurer « au nom d’Allah. »

Jeudi 10 mai, les ministres tchadiens ont prêté serment devant la Cour Suprême et le président Idriss Déby, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution adoptée le 1er mai.

L’article 105 de la nouvelle loi fondamentale établit qu’avant leur entrée en fonction, « les membres du gouvernement prêtent serment devant le président de la République suivant la formule confessionnelle consacrée par la loi. Sur le Coran pour le musulman, sur la Bible pour le chrétien, et selon le rite ancestral pour celui qui n’appartient à aucune religion révélée ».

La cérémonie de prestation de serment a été émaillée d’incidents qui remettent en cause le caractère laïque de la IVe République.

Deux ministres chrétiennes ont défié la Cour Suprême et le président Idriss Déby du fait de leurs convictions religieuses. Madeleine Alingué, la porte-parole du gouvernement, a modifié le contenu officiel du serment, préférant jurer sa « loyauté » au nom « du Dieu tout-puissant » plutôt qu’au nom d’« Allah ». Interpellée par le président de la Cour Suprême qui voulait l’obliger à utiliser la formule consacrée, la ministre a refusé d’obtempérer, obligeant le président Idriss Déby à plaider en sa faveur pour que son serment soit accepté par la Cour, sans mention d’« Allah ».

Une autre ministre chrétienne, Djibergui Rosine Amane, protestante, a tout bonnement refusé de prêter serment sur la Bible, conformément à ses convictions religieuses. Elle a été immédiatement limogée par le président Déby et remplacée par le général Mahamat Taher Rozzi.

Les chrétiens refusent de proposer une formule

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Lire la suite de « Au Tchad, deux ministres refusent de prêter serment «au nom d’Allah» » par Lucie Sarr, La Croix-Africa, 14/05/18