Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Au cœur de la junte au pouvoir au Mali

| Par - Envoyée spéciale à Bamako
Mis à jour le 06 septembre 2020 à 08h46
Le colonel Assimi Goïta devenu "chef de l'État" malien, le 24 août à Bamako.

Le colonel Assimi Goïta devenu "chef de l'État" malien, le 24 août à Bamako. © Baba Ahmed/AP/Sipa

Ils sont au pouvoir depuis la démission forcée d’Ibrahim Boubacar Keïta. Qui sont les leaders de la junte ? Comment se sont-ils réparti les rôles ? Plongée au cœur du dispositif des nouveaux hommes forts du Mali.

Une fine pluie tombe sur Kati. Sur l’immense base militaire de la ville-garnison, des enfants jouent au football, insouciants, lorsqu’un cortège de véhicules militaires passe en trombe près d’eux. Le convoi se dirige vers le poste de commandement, en face du terrain de jeu. C’est ici que se trouve la base des nouveaux maîtres du Mali, les militaires qui composent le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui ont renversé Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août.

Quand le cortège entre dans la cour et se gare en face du bâtiment principal, les militaires présents se mettent au garde-à-vous. La portière d’un massif Hummer s’ouvre, Assimi Goïta en surgit. Le jeune colonel de 37 ans, qui a été proclamé « chef de l’État » par l’acte fondamental du CNSP publié au Journal officiel le 27 août, porte la même tenue de combat que celle des hommes de sa sécurité rapprochée, des éléments du bataillon autonome des Forces spéciales et du centre d’aguerrissement, qu’il commandait jusqu’au coup d’État. Il esquisse un rapide salut, et disparaît dans le bâtiment. C’est là, dans une pièce d’à peine 14 m2 qui lui sert de bureau, accessible via un escalier vétuste, qu’il recevait les premiers jours qui ont suivi le putsch.

L’homme est discret. Peu prolixe. Fils de militaire, élève consciencieux, Assimi Goïta est un pur produit des écoles et centres de formation de l’armée malienne. Il est passé par le Prytanée militaire de Kati et l’École militaire interarmes de Koulikoro, où il a choisi l’armée de terre, spécialité « armes blindées et cavalerie ». Le nouvel homme fort du Mali a également suivi des formations aux États-unis et en Allemagne.

Assimi Goïta, « un homme posé »

Au lendemain du putsch, la junte a publié sa biographie officielle, dans laquelle il est présenté comme un homme « adepte de défis ». À part cela, peu d’informations filtrent sur lui ou son parcours. Difficile de connaître, également, sa vision du « Mali nouveau » que le CNSP entend mettre en place.

Le président du Comité ne s’est exprimé face aux médias qu’une seule fois, le jour de sa désignation, afin de se présenter et d’appeler à l’unité. Depuis, il « prend de la hauteur », et ne participe qu’aux rencontres jugées stratégiques : celles avec les partenaires internationaux et avec des personnalités influentes à Bamako.

Après les reproches des leaders du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui ont accusé la junte de s’être coupée du peuple et de faire cavalier seul, Assimi Goïta a rencontré les familles fondatrices de Bamako, et s’est rendu chez l’ex-président Moussa Traoré – un ancien général, putschiste lui aussi qui avait participé au coup d’État qui a chassé le président socialiste Modibo Keïta du pouvoir en 1968. Objectif : s’assurer un soutien populaire. Mais si ces visites ont été médiatisées, Assimi Goïta s’est abstenu de s’exprimer devant micros et caméras.

« C’est un homme posé, qui s’exprime peu », rapporte un diplomate africain. « C’est un homme de terrain, humble et effacé », ajoute un autre, qui le décrit même comme « frêle », compte tenu de sa taille.

S’il est encore en quête d’un soutien franc au sein de l’opinion publique et de la classe politique, au sein de l’armée, la désignation d’Assimi Goïta comme président du CNSP est un symbole. Le colonel était en effet jusque-là à la tête d’une force d’élite qui réunit des militaires issus de plusieurs corps. « Contrairement à ce qui s’est passé en 2012, il y a eu pour ce coup d’État une synergie entre officiers de plusieurs corps. On a d’ailleurs pu observer, lors des premières sorties du CNSP, des bérets de différentes couleurs », souligne Marc André Boisvert, chercheur spécialiste de l’armée malienne.

Malick Diaw, en première ligne des négociations avec la Cedeao

Malick Diaw (béret vert), accueille l'ex-président nigérian, Goodluck Jonathan (au centre) lors de son arrivée au Mali, le 22 août 2020.

Malick Diaw (béret vert), accueille l'ex-président nigérian, Goodluck Jonathan (au centre) lors de son arrivée au Mali, le 22 août 2020. © AP/Sipa

 

La deuxième personnalité-clé de la junte est le colonel Malick Diaw. Premier vice-président du CNSP, il est chef-adjoint du camp de Kati. Il a également été chef d’état-major adjoint de la Garde nationale de la 3e Région militaire de Kati.

Le colonel Diaw est en première ligne dans les négociations entre la junte et la Cedeao. Le 27 août, c’est lui qui s’est rendu au Niger pour y rencontrer Mahamadou Issoufou, puis à Ouagadougou pour échanger avec Roch Marc Christian Kaboré. Il avait alors un objectif clair : convaincre les deux chefs d’État de plaider en faveur d’une levée des sanctions, à la veille d’un sommet extraordinaire des présidents de la région.

C’est également lui qui était à la tête de la délégation composée d’une dizaine d’officiers qui a reçu le M5-RFP dans la soirée du 29 août, afin d’apaiser des tensions naissantes. Alors que la junte au pouvoir est prise en étau entre, d’une part, la Cedeao qui exige une transition d’un an maximum, dirigée par un civil, et, d’autre part, le Mouvement du 5 Juin qui n’entend pas se laisser écarter de la transition, le rôle de Malick Diaw est à la fois discret et central. « Ce sont des jeunes officiers de terrain, novices au sommet du pouvoir, qui se retrouvent du jour au lendemain à devoir s’occuper de la gouvernance, à gérer les relations internationales et la médiation », confiait récemment à Jeune Afrique Hamidou Boly, représentant résident de la Cedeao au Mali, qui est en contact direct avec le colonel Diaw.

Deux colonels actifs auprès des troupes

Le colonel Sadio Camara et le colonel Modibo Koné, respectivement deuxième et troisième vice-présidents du CNSP, sont aussi des officiers très actifs auprès des troupes sur le terrain.

La colère des Forces armées maliennes (Fama) est montée d’un cran quelques semaines avant le coup d’État. Les militaires se plaignaient du manque d’équipement pour faire face aux jihadistes dans le centre et le nord du pays. Le niveau et le versement des soldes étaient également au cœur du mécontentement. Les nouveaux dirigeants du pays, dont certains étaient eux-mêmes sur les terrains d’opérations il y a peu, s’emploient donc à rassurer les troupes.

Ancien directeur du Prytanée militaire de Kati, Sadio Camara a effectué une série de rencontres les 26 et 27 août dans la 6e région militaire, à Sévaré, dans le centre du pays. Il s’est également rendu dans les postes de sécurité de Koro, Boulkessi et Hombori. Partout, le colonel Camara a exposé les raisons de ce coup de force. Les militaires ont, eux, saisi l’occasion pour exprimer leurs doléances, qui portaient essentiellement sur la réorganisation de l’armée et la formation. Ils ont aussi insisté sur la corruption qui règne dans l’armée.

Le colonel Modibo Koné, membre de la garde nationale et ancien commandant à Koro, dans la région de Mopti, a pour sa part opéré un déplacement à la base aérienne 101, engagée dans l’opération Maliko. Le 1er septembre, il s’est rendu à la direction du Génie militaire, puis au régiment des Commandos parachutistes pour « s’enquérir de leurs préoccupations ». Le lendemain, il a visité l’école de gendarmerie de Faladiè, et, enfin, le camp des gardes de N’Tomikorobougou. Là encore, il a surtout été question « d’écouter les hommes ».

Ismaël Wagué, figure médiatique

Ismaël Wagué à Kati, le 20 août 2020.

Ismaël Wagué à Kati, le 20 août 2020. © Baba Ahmed/AP/Sipa

Dans l’ordre protocolaire, le cinquième homme fort, devenu l’une des principales figures médiatiques des putschistes, est le colonel-major, Ismaël Wagué. Chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air, il bénéficie d’une solide réputation aussi bien au sein de l’armée qu’auprès d’une partie de l’opinion publique. C’est lui qui, le jour du putsch, a lu la déclaration du CNSP à la télévision nationale. Il a ensuite multiplié les interventions dans les médias, accordant des entretiens aux journalistes maliens et internationaux.

Début septembre, le CNSP a en outre constitué des équipes d’officiers qui vont à la rencontre de civils, à Bamako, pour recueillir leur vision de la transition. Des représentants des partis politiques de l’ancienne majorité comme de l’ancienne opposition ont été reçus, de même que des responsables associatifs et des syndicalistes. Et si ces discussions donnent parfois lieu à des tensions, le CNSP entend bien montrer, en les menant, qu’il est ouvert au dialogue.

Les concertations nationales, d’abord annoncées pour le 29 août avant d’être annulées après que le M5-RFP a rué dans les brancards pour ne pas avoir été associé à l’organisation, sont de nouveau inscrites au calendrier. Elles devraient se tenir ce samedi 5 septembre, dans toutes les régions. Organisations de la société civile, partis politiques, syndicats et groupes armés signataires de l’accord d’Alger de 2015 sont invités pour l’occasion à « un atelier de validation des termes de référence sous la direction des gouverneurs », a précisé le porte-parole du CNSP, le colonel-major Ismaël Wagué.

Les généraux pressentis pour prendre la tête de la transition

Outre ces officiers en pleine lumière, le CNSP est également « conseillé », de manière discrète, par plusieurs personnalités. Bien qu’il dément être l’un des cerveaux du putsch, le général Mahamane Touré, ancien commissaire chargé des Affaires politiques, de la Paix et de la Sécurité à la Cedeao, est ainsi apparu aux côtés des leaders de la junte lors de plusieurs réunions stratégiques.

Mahamane Touré a été directeur de l’École de maintien de la paix, chef d’état-major de l’armée malienne de 2013 à 2016, avant d’être nommé ambassadeur du Mali au Niger en 2018. Depuis août 2019, il dirige le Centre d’études stratégique du ministère des Affaires étrangères. Selon nos sources, la Cedeao ne serait pas réticente à voir ce général en retraite ayant occupé des fonctions dans des organisations civiles prendre la tête de la transition.

L’autre général dont le nom est cité est Cheick Fanta Mady Dembélé. Officiellement, ce dernier ne fait pas partie du CNSP. Mais plusieurs de nos sources diplomatiques et sécuritaires le présentent comme un homme-clé du dispositif. Il est diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr en France, de l’Université de l’armée fédérale allemande, à Munich, et de l’École d’état-major général de Koulikoro.

Ce général a également dirigé l’École de maintien de la paix et est passé par l’Union africaine, où il était chargé de la gestion des conflits et de la planification stratégique au sein de la Commission paix et sécurité. Le général Dembélé est aussi un proche de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, qui multiplie ces derniers jours les sorties médiatiques.

La répartition des rôles au sein de la junte a fait l’objet de décrets, rendus publics le 2 septembre. Le colonel Assimi Goïta a alors procédé à une vingtaine de nominations à des postes stratégiques. Le général Oumar Diarra a notamment été nommé chef d’état-major général des armées. Considéré comme « intègre et rigoureux » par des sources militaires, il aura la tâche de réformer l’armée. Il remplace le général Abdoulaye Coulibaly, qui est, lui, toujours détenu par la junte.

Autre nomination, celle du colonel Lassina Doumbia, qui devient directeur général de la Sécurité d’État, les services de renseignement. Le colonel Jean Dao devient quant à lui chef d’état-major de la Garde nationale et le général Souleymane Doucouré a été désigné secrétaire général du ministère de la Défense.

Des civils

Si les nominations concernant essentiellement des militaires, quelques civils ont également été nommés à des postes de conseillers. C’est le cas de Moussa Camara, désormais conseiller spécial du président du CNSP chargé des ressources humaines, de Cheick Oumar Traoré, conseiller spécial chargé de l’information et de la communication ou encore de Youssouf Coulibaly, chargé des Affaires juridiques.

Célébrés en héros sur la place de l’Indépendance, le 21 août, pour avoir mis fin à la crise socio-politique qui s’enlisait, les militaires qui ont poussé Ibrahim Boubacar Keïta à la démission sont désormais attendus de pied ferme sur l’organisation des débats pour la mise en place de la transition. Les premières rencontres qui doivent se tenir à travers le pays à partir de samedi 5 septembre, et dont l’objectif est de fixer une feuille de route, seront cruciales. Ce sont elles qui donneront le « la » quant à la direction que prendra la transition, tant sur sa durée que sur le profil de son président.

Amnesty International France _ Indépendant grâce à vous, efficace avec vous !


Vendredi 14 septembre, le militant algérien Karim Tabbou pourrait être condamné à quatre ans de prison pour avoir exprimé pacifiquement une opinion contre le rôle de l’armée dans la politique algérienne.

Il n’est pas seul en danger : depuis des mois, les autorités algériennes arrêtent et poursuivent les manifestants qui demandent des réformes politiques radicales en Algérie, pour les réduire au silence.

Face à ces attaques inacceptables contre la liberté d’expression, notre mobilisation est essentielle : demandez avec nous la fin des poursuites arbitraires contre les militants pacifiques !
JE SIGNE
Depuis le 22 février 2019, des manifestations de masse majoritairement pacifiques appelant à une réforme politique sont organisées en Algérie, désignées sous le terme « Hirak ». Depuis le début, les autorités les ont réprimées, bafouant le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Profitant de la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes ont accéléré la répression et jeté des dizaines d’opposants en prison. Grâce à notre mobilisation, quatre militants ont été libérés en juillet dernier, dont le militant Karim Tabbou qui était incarcéré depuis septembre 2019.

Mais nous devons absolument continuer : Karim Tabbou va être jugé de nouveau ce 14 septembre, et pourrait être renvoyé en prison, comme les 44 prisonniers d’opinion qui sont encore derrière les barreaux en Algérie.

Pour ces militants, votre voix est essentielle. Merci de votre engagement à nos côtés.
Nicolas Krameyer
Responsable programme "Libertés"
pour Amnesty International France
 

[Édito] Cocotte-minute africaine : combien de temps avant l’explosion ?

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Mis à jour le 03 septembre 2020 à 13h40
 
 

Par  Marwane Ben Yahmed

Marwane Ben Yahmed est directeur de publication de Jeune Afrique.

(@marwaneBY)

Des manifestants célèbrent le coup d'Etat mené par la junte militaire au Mali, lors d'un rassemblement à Bamako le 21 août 2020.

Des manifestants célèbrent le coup d'Etat mené par la junte militaire au Mali, lors d'un rassemblement à Bamako le 21 août 2020. © /AP/SIPA

Élections tendues en Côte d’Ivoire et en Guinée, putsch au Mali, processus électoraux contestés, absence de renouvellement des classes politiques, défiance des citoyens vis-à-vis de leurs élites… Les motifs d’inquiétude sont légion. Un sursaut démocratique est-il possible ?

Il fut un temps, pas si lointain – c’était lors de la décennie précédente – où l’Afrique de l’Ouest s’illustrait en matière de démocratie. Les alternances se multipliaient à un rythme effréné : Côte d’Ivoire (malgré la crise post­électorale), Sénégal, Guinée, Bénin, Ghana, Gambie, Niger, Cap-Vert… Le Mali élisait triomphalement Ibrahim Boubacar Keïta pour mettre fin aux affres d’un coup d’État. Roch Marc Christian Kaboré tournait la page de la révolution qui avait précipité la chute de Blaise Compaoré. Nous étions fiers et espérions que ces petites victoires feraient tache d’huile.

Désillusion et défiance

Las ! Le vent tourne vite, et la supposée vigilance des grandes puissances, qui disent veiller au grain, n’obéit qu’à leurs intérêts. La séquence électorale qui s’annonce aujourd’hui dans la région n’a rien de rassurant, bien au contraire.

Des présidentielles cruciales (et déjà plus ou moins contestées) sont prévues au cours de cette fin d’année sous haute tension. Le 18 octobre en Guinée, le 31 octobre en Côte d’Ivoire, le 22 novembre au Burkina et le 27 décembre au Niger, cas atypique s’il en est puisqu’il s’agit du seul pays où le chef de l’État ne se représente pas.

Le tout pendant que l’attention restera focalisée sur le Mali, où des militaires ont été acclamés par la foule pour avoir chassé du pouvoir un « IBK » impopulaire et resté sourd aux exigences de ses concitoyens. Il n’est pire situation pour la démocratie que lorsque la grande muette se mue en ultime recours…

Cette série de scrutins ne laisse d’inquiéter. Les troisièmes mandats potentiels d’Alassane Ouattara et d’Alpha Condé ravivent les tensions politiques et font craindre le retour de la violence.

Au Burkina comme au Niger, dans un contexte sécuritaire guère propice à une compétition électorale sereine, certains expriment déjà leurs doutes sur la transparence et l’équité d’un processus taillé sur mesure pour reconduire Kaboré et faire élire le dauphin de Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum.

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L’ACCESSION AU POUVOIR EST LE PLUS SOUVENT RÉGIE PAR L’ARBITRAIRE, LES RAPPORTS DE FORCE ET L’ARGENT

Dénominateurs communs de ces différentes élections : un sentiment certain de désillusion parmi les électeurs et une défiance sans précédent vis-à-vis d’une classe politique, pouvoir et opposition confondus, qui éprouve toutes les peines du monde à se renouveler. Défiance qui n’épargne guère les élites, accusées de se préoccuper davantage d’amasser les CFA de manière suspecte et d’en jouir ostensiblement que de jouer leur rôle de catalyseur et de créateur de richesse pour tous et d’emplois. Bref, pas de quoi pavoiser…

Le même scénario

« Mieux vaut partir cinq ans trop tôt que cinq minutes trop tard », disait le général de Gaulle. Les chefs d’État africains, mais aussi les autres acteurs politiques du continent, opposants au long cours compris, peuvent toujours méditer ce précepte.

Ce n’est pas nouveau : sous nos cieux, l’accession au pouvoir – et nous ne parlons pas que de la magistrature suprême – comme la manière de le quitter sont le plus souvent régies par l’arbitraire, les rapports de force et l’argent.

Le scénario est toujours le même : courtisans, plumitifs, intellectuels, parti présidentiel ou alliés, et associations de masse appellent le chef de l’État à prolonger son bail.

Pour achever ses chantiers si prometteurs ou pour accompagner quelque temps encore des populations qu’on ne saurait abandonner à leur sort dans des circonstances aussi préoccupantes. Pour conserver leurs privilèges, conseillers, ministres, amis, parents et autres thuriféraires ne manquent pas de lui seriner que le pays a encore besoin de lui. Ceux, plus audacieux, qui auront l’outrecuidance de tenter de le persuader qu’il est temps de passer la main sont le plus souvent écartés comme des malpropres.

Aucun président n’est irremplaçable

Les avocats du diable oublient qu’aucun président n’est irremplaçable, trahissant au passage le legs d’un Nelson Mandela qu’ils ne se privent pourtant pas de citer à l’envi, et, surtout, ne réalisent même pas que leurs discours ne portent plus au sein de populations de plus en plus jeunes, lucides et vigilantes. La démocratie ne peut s’épanouir – et s’enraciner – que lorsque le pouvoir politique est librement et légalement transmis.

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EN PREMIÈRE LIGNE, UNE JEUNESSE QUI PEINE À SUPPORTER AUJOURD’HUI CE QUE SES PARENTS ENDURAIENT HIER

Ces chefs ont désormais face à eux non plus des opposants faibles, sans moyens, corruptibles ou trop marqués, pour incarner une quelconque rupture, par un long compagnonnage avec ceux qu’ils vouent désormais aux gémonies, mais des opinions publiques qui ont considérablement évolué dans un laps de temps très court. Métamorphose qui correspond à celle des sociétés africaines.

En première ligne, une jeunesse plus politisée, désœuvrée, mais connectée, qui peine à supporter aujourd’hui ce que ses parents enduraient hier. Confrontés à cette nouvelle menace, à laquelle ils ne sont pas habitués, nos chefs ne savent guère comment s’y prendre, si ce n’est en recourant aux bonnes vieilles méthodes, pas vraiment subtiles – la chicote, l’utilisation dévoyée de l’appareil judiciaire ou des médias, l’argent –, en des temps qui y sont pourtant de moins en moins propices.

Aujourd’hui, cela fonctionne encore parfois. Mais pour combien de temps ? La pression – sociale, économique, démographique – monte. Partout en Afrique.

Nos dirigeants ne devraient avoir qu’une seule priorité : bâtir des économies susceptibles de créer suffisamment d’emplois pour le nombre croissant de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Une gageure rendue encore plus complexe par la crise liée au Covid-19.

Dans un tel contexte et en l’absence d’une réelle prise de conscience politique, il semble inéluctable que la cocotte-­minute finisse hélas par exploser…

Qui sont les « radicalisés » au cœur de l’attention médiatique? |The Conversation

Détenus radicalisés, déradicalisation, prévention de la radicalisation, mais aussi « gilets jaunes » radicalisés, radicalisation de la CGT ou des anti-masques… Rares sont les notions qui, à l’instar de celle de radicalisation, ont réussi à se hisser en peu de temps au rang de best-seller politico-médiatique.

Clément BeunasUniversité de Lille

Tandis que s’ouvre ce mercredi 2 septembre le procès des auteurs de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo (janvier 2015), il semble pertinent de revenir sur les termes « radicalisation » et « radicalisés », qui ont transcendé les lignes éditoriales et les oppositions politiques et connu une véritable explosion depuis 2015.

En 1999, seuls 184 articles de presse mentionnaient le terme radicalisation. En 2016, ils étaient plus de 10 000.

Une notion qui recouvre des groupes hétérogènes

Cette notion a été très utilisée en 2015 dans un contexte post-attentats et son déclin relatif à partir de 2017, ne l’empêche pas d’être mentionné encore dans un nombre d’articles particulièrement élevé. En moyenne, en 2019, pas moins de 17 articles évoquaient le terme chaque jour.

Que recoupe une notion utilisée pour désigner des individus aussi hétérogènes que des manifestants anticapitalistes, des auteurs d’attentats, des responsables syndicaux ou des musulmans soupçonnés de rigorisme ?

Si elle a pu se développer au point de faire figure d’évidence, c’est que la radicalisation remplit certaines fonctions. En tout état de cause, celles-ci ne résident guère dans sa faculté à éclairer le réel.

Pour répondre à cette question, sans doute est-il utile de déplacer légèrement la focale et de s’intéresser aux usages du terme « déradicalisation ». Le champ médiatique, qui a largement contribué à son essor, fournit à cet égard un formidable matériau d’analyse. L’étude d’un corpus d’un millier d’articles de presse, d’émissions de télévision et de déclarations politiques ayant mentionné le terme entre 2009 et 2019 permet de relever quelques-uns des soubassements de la notion.

Le radicalisé : musulman, jeune, aliéné

Certes, radicalisation et déradicalisation ne sont pas identiques. En réalité, ces termes ne sont pas même antonymes. Le premier en effet repose sur l’idée d’une trajectoire, et implique le passage d’un état à un autre.

Le second quant à lui est devenu synonyme de prise en charge par l’État des individus jugés radicalisés.

Or, c’est précisément parce qu’il synthétise le mieux les ambitions étatiques d’extraction de la radicalisation que l’étude de ce terme permet de distinguer, au sein de l’immense masse des discours consacrés à la radicalisation, les publics que l’on ambitionne de corriger et de discipliner. En effet, la notion masque en son sein deux archétypes distincts.

À l’ancienne figure du radical, utilisée pour désigner les opposants politiques traditionnels, s’est désormais ajoutée celle du radicalisé. Celle-ci partage trois caractéristiques principales : elle est généralement présentée comme musulmane, jeune et aliénée.

Le champ lexical de la jeunesse

Sur les 211 sujets télévisés ayant titré sur la déradicalisation entre 2009 et 2019, 210 sont spécifiquement consacrés à l’islam. Ce chiffre éloquent atteste du fait que derrière la relative polysémie des discours dénonçant la radicalisation de groupes ou d’individus hétéroclites, les publics faisant l’objet d’une ambition de traitement sont quant à eux considérablement plus restreints.

Pour autant, ces ambitions de réhabilitation ne ciblent pas uniquement les auteurs d’attaques revendiquées par des organisations djihadistes. Elles visent également les individus soupçonnés d’être attirés par ces mouvances.

Dès lors, ces discours ne s’intéressent pas uniquement à la perpétration d’actes violents, mais également aux formes que prend l’islam dans l’espace public – ce qui est généralement qualifié péjorativement de communautarisme. Les questions du passage à l’acte terroriste et de la pratique d’un islam jugé déviant ont ainsi largement fusionné, la radicalisation servant de passerelle analytique permettant de lier l’un à l’autre.

Sans doute moins intuitif, les discours consacrés à la déradicalisation ont également en commun d’utiliser massivement le champ lexical de la jeunesse.

De fait, les qualificatifs « jeune » et « radicalisé » se superposent et sont souvent interchangeables. Or, cette surreprésentation du lexique de la jeunesse dépasse la seule question de l’âge ; elle vise surtout à signifier l’immaturité des publics visés. Le jeune en effet est celui qui est placé en situation d’irresponsabilité et dont la tutelle dépend d’une figure d’autorité.

Jeunes musulmans soupçonnés influençables, les cibles de ces discours sont également présentées comme mues par des forces les dépassant largement.

Envisager sérieusement la réhabilitation psychique d’un individu repose en effet sur une conception de ce dernier comme un être aliéné et incapable de discernement. En témoigne la forte présence du champ lexical de l’emprise sectaire et de l’embrigadement.

Radicalisé, du participe passé au nom commun

C’est ainsi que l’on a pu voir le terme « radicalisé » partager sa qualité de participe passé, puis d’adjectif, avec celle de nom commun. Il existe désormais, dans le langage politico-médiatique, des radicalisés, définis à la forme passive, par leur seul état d’aliénation supposé.

Ces discours, qui pointent des jeunes désorientés, soumis à une influence néfaste et souvent exogène, ont deux effets majeurs. D’abord, ils permettent d’éloigner le mal hors des frontières nationales, puisque les jeunes Français, aux propriétés « naturellement saines » mais conjoncturellement déviants, seraient pervertis par le fruit d’une propagande orchestrée de l’extérieur.

Lors d’une conférence tenue en décembre 2014, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve livre un exemple archétypal de cette rhétorique lorsqu’il déclare :

« Aujourd’hui, le terrorisme est, en quelque sorte, en accès libre. La stratégie suivie par nos ennemis vise en effet à rendre la terreur accessible au plus grand nombre. Tirant parti des nouvelles technologies de l’information, ces organisations criminelles cherchent à inoculer le virus du terrorisme dans les esprits, à manipuler certains de nos concitoyens, souvent les plus jeunes et les plus fragiles. »

Dès lors, une telle rhétorique rend souhaitable une opération de réhabilitation qu’il appartient à l’autorité tutélaire de l’État de mener.

Si l’adjectif « radicaux » sert à désigner les groupes militants engagés contre l’État, que l’on réprouve parfois, mais dont on ne conteste que rarement la capacité de discernement, celui de « radicalisé », à la forme passive, a quant à lui été conçu pour désigner une jeunesse musulmane suspectée de s’engager dans le djihadisme.

De cette dichotomie découle une gestion différenciée : si les radicaux, considérés comme engagés dans la violence politique de leur plein gré, peuvent faire l’objet d’un traitement strictement pénal, les radicalisés sont soumis, en plus de cet arsenal répressif, à une ambition de réhabilitation psychique, sociale et morale.

La figure du radicalisé s’est solidement implantée dans le lexique médiatique afin de désigner les jeunes aspirants djihadistes français – ou ceux dont on estime qu’ils pourraient le devenir.

Un moyen commode de disqualifier les opposants

Toutefois, parce qu’il s’agit d’un moyen commode de disqualifier toute opposition suspectée d’agir hors des balises démocratiques, le terme connaît un certain succès et tend à déborder de ses cibles habituelles.

En janvier 2020, le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini dénonçait par exemple l’intrusion du siège de son parti par des « manifestants radicalisés ».

Pour autant, ces usages opportunistes et ponctuels ne doivent pas masquer le fait que les importants moyens mis en place par l’État pour juguler la radicalisation ciblent dans leur immense majorité de jeunes citoyens musulmans.


Clément Beunas effectue son doctorat en sociologie sous la direction de Dietmar Loch et Grégory Salle.

Clément Beunas, Doctorant en sociologie, Université de Lille

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

Seuls les +  de 50 ans peuvent comprendre !

A la caisse d'un supermarché, une vieille dame
choisit un sac en plastique pour ranger ses achats.

La caissière lui reproche de ne pas se mettre à l'écologie et lui dit :
Votre génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique. Seuls les jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources

La vieille femme s'excuse auprès de la caissière et explique

Je suis désolée, il n'y avait pas de mouvement écologiste de mon temps."

Alors qu'elle quitte la caisse, la mine déconfite, la caissière ajoute :

- "Ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à nos dépens. C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement dans votre temps.

Alors, un peu énervée, la vieille dame fait observer :

- A cette époque on retournait les bouteilles de verre. Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau. Les bouteilles étaient recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.

Elle ajoute :

- De mon temps, on montait l'escalier à pied : on n'avait pas d'escaliers roulants et peu d'ascenseurs.
On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer de deux rues : on marchait jusqu'à l'épicerie du coin.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

On ne connaissait pas les couches jetables : on lavait les couches des bébés.

On faisait sécher les vêtements dehors sur une corde

On avait un réveil qu'on remontait le soir.

Dans la cuisine, on s'activait pour préparer les repas ; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit.

Quand on emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait comme rembourrage du papier journal ou de la ouate, dans des boites ayant déjà servi, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en plastique.

On n'avait pas de tondeuses à essence autopropulsées ou autoportées :

On utilisait l'huile de coude pour tondre le gazon.

On travaillait physiquement ; on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants qui fonctionnent à l'électricité.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

On buvait de l'eau à la fontaine quand on avait soif.

On n'utilisait pas de tasses ou de bouteilles en plastique à jeter.

On remplissait les stylos dans une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo.

On remplaçait les lames de rasoir au lieu de jeter le rasoir entier après quelques utilisations.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

Les gens prenaient le bus, le métro, le train et les enfants se rendaient à l'école à vélo ou à pied au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi 24h / 24h.

Les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs, gommes, taille- crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient, pas un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rue.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique !

On n'avait qu'une prise de courant par pièce, et pas de bande multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes d'aujourd'hui.

ALORS, NE VIENS PAS ME FAIRE CHIER AVEC TON MOUVEMENT ECOLOGISTE !

Tout ce qu'on regrette, c'est de ne pas avoir eu assez tôt la pilule, pour éviter d'engendrer la génération des jeunes cons comme vous, qui s'imagine avoir tout inventé, à commencer par le travail, qui ne savent pas écrire 10 lignes sans faire 20 fautes d'orthographe, qui n'ont jamais ouvert un bouquin autre que des bandes dessinées, qui ne savent pas qui a écrit le Boléro de Ravel… (pensent même que c'est un grand couturier), qui ne savent pas mieux où passe le Danube quand on leur propose Vienne ou Athènes, etc. mais qui croient tout de même pouvoir donner des leçons aux autres, du haut de leur ignorance crasse

MERDE à la fin !

Merci de ne pas imprimer ce message afin de
préserver l'environnement.

Mais ne vous privez pas de faire suivre ! ! !