Témoignages
Décès Père Gaston Wiltgen
François en Afrique
Le pape François de nouveau attendu sur le continent africain
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Le Vatican a confirmé ce jeudi que le souverain pontife se rendra en République démocratique du Congo puis au Soudan du Sud du 2 au 7 juillet prochains. Deux pays dont que le pape souhaite visiter depuis longtemps.
Avec notre correspondant à Rome, Éric Sénanque et à Kinshasa, Pascal Mulegwa
C’est d’abord à Kinshasa, le plus grand archidiocèse d'Afrique, puis à Goma, dans la région éprouvée de l'est de a RDC, que François est attendu, du 2 au 5 juillet. Le pape mettra ses pas dans ceux de son prédécesseur Jean-Paul II qui s’était rendu dans le pays, alors appelé Zaïre, en 1980 et 1985. Il y sera notamment accueilli par un de ses proches, le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa qu’il a nommé au Conseil des cardinaux chargé de l’aider dans sa réforme de la Curie au Vatican. Il vient aussi soutenir une Église congolaise qui a joué un rôle de médiation essentiel lors de la dernière transition politique dans le pays
Un déplacement important pour les habitants, selon l’archevêque Marcel Utembi, président de l’épiscopat congolais « dans la mesure où le pape vient raffermir dans la foi les fidèles catholiques en RDC et raviver l'espérance du peuple congolais qui a besoin de la paix, la sécurité et du bien-être ».
Du côté des autorités, cette visite annoncée est un signal positif. Celle de 2017 avait été annulée en raison de la crise politique et des relations difficiles entre le président de l'époque, Joseph Kabila et l'Eglise. Une « visite qui s'inscrit aussi dans l'axe diplomatique (du) rapprochement entre la RDC et Vatican. 37 ans, c'est bien des années qui se sont écoulées et donc une mobilisation doit se faire pour toutes les Congolaises et tous les Congolais pour cette visite qui va s'inscrire comme cela a été dit, dans la réconciliation et la paix », a déclaré le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.
Deuxième étape pour François, le Soudan du Sud, pays dont il suit la destinée depuis le début de son pontificat. Le pape sera à Juba du 5 au 7 juillet. Le Saint-Siège suit de près les négociations de paix dans le pays qui ont plusieurs fois patiné. Symbole de cette attention, cette visite de Salva Kiir et de son rival Riek Machar à la résidence du pape en avril 2019. Devant eux, François avait alors rappelé « le désir ardent de justice, de réconciliation et de paix » du peuple sud-soudanais. Dans un geste inédit, le pape avait embrassé les pieds de ses deux hôtes.
Cette étape sera aussi œcuménique pour le chef de l’Église catholique puisqu’il s’y rendra aux côtés de Justin Welby, le primat de l’Église anglicane.
Adji Sarr
Sénégal: Adji Sarr sort du silence un an après ses accusations contre Ousmane Sonko
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Au Sénégal, Adji Sarr prend la parole pour la première fois depuis près d’un an. Le 3 février 2021, la jeune employée d'un salon de massage avait accusé de viols répétés Ousmane Sonko, figure de l’opposition à la tête du Pastef, qui lui dénonce un complot politique. Une affaire judiciaire qui avait provoqué de violentes émeutes et 13 morts officiellement.
De notre correspondante à Dakar,
Tandis qu’elle parle, Adji Sarr effleure du bout des doigts un récent tatouage gravé de son prénom sur son poignet. « Tout le monde me disait de changer de nom, pour ne plus être reconnue, mais j’ai refusé, car je suis fière d’être qui je suis », lance la jeune femme, qui a accusé l’opposant politique Ousmane Sonko en 2021 de viols répétés dans le salon de massage où elle était employée.
Cette affaire judiciaire avait embrasé le Sénégal, provoquant des émeutes violentes et meurtrières à travers le pays, alors que le dirigeant du parti le Pastef dénonçait un complot pour l’écarter de la scène politique. Au total, 13 morts selon les chiffres officiels et 590 blessés ont été comptés par la Croix rouge. Un an plus tard, Adji Sarr sort de son silence « pour que la vérité éclate », accordant quelques entretiens à des médias triés sur le volet.
Le visage caché par de larges lunettes et un masque chirurgical, elle est arrivée discrètement dans un lieu tenu secret où se tient la rencontre, toujours accompagnée de trois policiers qui assurent sa sécurité. Une protection obtenue face aux risques d’agression alors que la jeune femme est devenue l’ennemie numéro un des sympathisants d’Ousmane Sonko.
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« Tout le monde m’insultait, j’avais tout le temps peur »
Adji Sarr commence d’abord à réitérer ses accusations, d’une voix ferme. Mais rapidement, elle se rappelle des conséquences qui se sont enchaînées en cascade : son nom dévoilé dans la presse et sur les réseaux sociaux, les attaques virulentes contre elle sur internet et dans les unes des journaux, puis les manifestations et les morts.
« Je ne dormais pas, je ne mangeais pas… Tout le monde m’insultait, j’avais tout le temps peur des violences ; même en allant à la douche, je portais mes habits par peur d’être attaquée. Et même ma propre famille avait peur de s’identifier à moi et craignait de m’appeler au téléphone ou de venir me voir, de peur d’être tués après. Je redoutais de sortir et d’être reconnue… ce qui continue jusqu’à aujourd’hui », témoigne la jeune femme. Ses anciennes collègues du salon de massage n’ont donc pas souhaité témoigner dans le cadre de l’enquête, de peur de se mettre elles-mêmes en danger.
Du côté de l’opposition, on l’accuse de participer à un complot ourdi par le régime du président Macky Sall, mais aussi d’être une femme vénale et de « mauvaises mœurs ». « Cela n’a jamais été pour nous une affaire privée, mais une stratégie du pouvoir qui utilise la femme et le corps de la femme pour atteindre un adversaire politique », dénonce avec véhémence Bassirou Diomaye Faye, cofondateur du Pastef et actuel président du mouvement national des cadres patriotes du même parti. Des accusations qu’elle balaie d’un revers de main. « S’il y a complot, je jure que je n’en connais pas les auteurs… Si je les connaissais, je n’aurais pas de problème pour manger, pour boire ou pour faire quoique ce soit », explique-t-elle. Une théorie du complot qu’écarte aussi la majorité au pouvoir.
« C’est une tentative d’entrave à la justice suite à une affaire judiciaire privée entre deux citoyens sénégalais », estime Pape Mahaw Diouf, porte-parole de la coalition de la majorité, Benno Bokk Yakaar.
Désormais, Adji Sarr raconte vivre avec sa tante et des sœurs, avec qui elle déménage régulièrement pour ne pas être repérée. Seule une association – qui souhaite garder l’anonymat pour des raisons de sécurité – l’aide au quotidien pour assurer ses dépenses. Enfermée entre la chambre et le salon, elle ne peut même pas aller sur le balcon ou hausser la voix, de peur d’éveiller les soupçons et d’être reconnue. « Je ne fais rien à part prier », explique la jeune femme, qui se raccroche aussi à l’écriture d’un livre autobiographique. Mais elle dort « très mal » et est obligée de prendre des médicaments pour trouver le sommeil, moment où elle a constamment l’impression d’être agressée. Elle raconte souffrir de stress post-traumatique et dénonce le fait de n’avoir aucune aide de l’État.
Ousmane Sonko élu maire de Ziguinchor
Pendant ce temps, Ousmane Sonko a été élu maire en janvier 2022 de Ziguinchor, l’une des plus grandes villes au sud du pays, et se prépare aux élections législatives de juillet prochain alors qu’il est l’un des leaders principaux de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi. « Quand Sonko a été élu maire, j’ai pleuré toute la nuit. Quelqu’un qu’on a accusé de viol et qui devient maire… Alors qu’avant d’être accusé de viol, il n’était rien du tout seulement un simple député… Ce qui me fait le plus peur, c’est qu’il a de plus en plus de pouvoir », redoute Adji Sarr, qui craint de le voir un jour président de la république.
Car aujourd’hui dans l’incapacité à travailler, la jeune femme ne peut plus avoir une « vie normale » au Sénégal. Elle cherche à partir à l’étranger, mais surtout pour revenir plus forte chez elle afin de défendre les droits des femmes. « Au Sénégal, les femmes combattent les femmes. Ce que j’ai vécu, je ne veux plus qu’aucune femme ne vive ça », lance-t-elle, déçue que les organisations féminines ne la défendent pas davantage. Certaines lui avaient répondu « d’attendre de savoir si les accusations sont fondées », avant de l’accompagner dans sa plainte.
Aujourd’hui, elle a décidé de prendre son engagement en main, par exemple en soutenant sur les réseaux sociaux Ndèyne Fatima Dione, la Miss Sénégal qui avait aussi dénoncé être victime de viol. « Je suis une femme battante, j’ai surmonté tout ce qui s’est passé au cours de l’année précédente… je vais me battre jusqu’au bout », explique la plaignante.
Un procès qui approche
À l’approche du 3 mars, date à laquelle Ousmane Sonko a été arrêté sur le chemin vers le tribunal pour « trouble à l’ordre public » et donc date du début des émeutes, Adji Sarr est dans l’appréhension. « D’un côté, j’ai peur du harcèlement et des insultes qui vont ressortir, mais en même temps je veux me battre et il est temps que l’on arrête de parler à ma place. »
L’instruction est toujours en cours, mais Adji Sarr assure n’avoir aucune idée de l’avancée du dossier judiciaire et commence à devenir impatiente. « Je ne veux rien d’autre qu’un procès pour que je puisse retrouver ma vie d’avant. J’en ai trop besoin », insiste-t-elle.
Ousmane Sonko doit encore être entendu par le juge. « Nous souhaitons que Sonko soit rapidement auditionné pour lever l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête et faire éclater la vérité », lance Me Bamba Cissé, l’avocat de l’opposant politique. Après l’échec d’une première tentative, il a réitéré la demande de la levée du contrôle judiciaire qui lui a confisqué son passeport et qui l’empêche de voyager en dehors du Sénégal.
Sollicité après la publication des premières déclarations d'Adji Sarr, le responsable de la communication du parti d’Ousmane Sonko, El Malick Ndiaye a répondu : « Cette affaire est derrière nous. Focus sur l’essentiel : "les législatives (de juillet prochain) et la présidentielle de 2024" ».
Alors que l’affaire avait ralenti suite au décès du juge d’instruction en avril 2021, remplacé sept mois plus tard, M. Abdou Dyaly Kane, qui défend Adji Sarr rappelle que « la victime peut demander des actes d’instruction, comme un test ADN de M. Sonko car des prélèvements avaient été faits ».
Désormais, la jeune fille explique seulement attendre son procès même si elle a peu espoir dans la justice. « J’ai compris que dans ce pays, il n’y a que le pouvoir qui marche. Si tu n’as pas d’argent et si tu n’as pas de pouvoir, tu n’es pas considérée. La justice est à double vitesse… », explique-t-elle, résignée.
Indispensable sécurité malienne
La stabilisation du Mali est indispensable à la sécurité régionale ouest-africaine
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Gilles Yabi. Archive de Gilles Yabi
Gilles Yabi, vous avez écrit dans un texte publié il y a quelques jours que « défaite politique française au Sahel ou pas, amélioration ou pas de la situation sécuritaire au Mali, cela ne va pas perturber la vie quotidienne de l’écrasante majorité des Français, des Allemands, des Danois ou des Estoniens » …
En effet, il s’agit de rappeler qu’on ne peut pas se contenter de reprendre les commentaires des chercheurs, des journalistes et d’autres observateurs en France, ailleurs en Europe, aux États-Unis ou même en Russie et en Chine, qui ne s’intéressent qu’à l’échec, ou au mieux, le demi-échec de l’intervention militaire française au Sahel. Ces analyses sont tout à fait intéressantes comme le furent les dizaines d’articles sur l’échec des États-Unis en Afghanistan et le retour au pouvoir spectaculaire des Talibans dans ce pays.
Dans un cas comme dans l’autre, les décideurs des puissances qui déploient leurs forces à des milliers de kilomètres de leurs territoires nationaux tout comme l’écrasante majorité de leurs concitoyens ne sont guère affectés dans leur vie quotidienne par les conditions sécuritaires et sociopolitiques qui prévalent après leur intervention, que cela soit un échec, un demi-succès ou une éclatante réussite.
La loi du plus fort est donc toujours la meilleure ou presque dans les relations internationales, dites-vous…
Oui et l’actualité internationale nous le rappelle en ce moment, avec la grave crise en Ukraine qui va mobiliser tous les pays européens pendant des mois, bien plus que la situation au Sahel.
Mais une autre information pas très commentée a aussi attiré mon attention ces dernières semaines. Le 11 février dernier, le président Joe Biden a décidé que son gouvernement confisquerait les réserves de la banque centrale afghane déposées aux États-Unis, 7 milliards de dollars, et utiliserait la moitié de ces ressources pour honorer les demandes d’indemnisation des familles des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001.
A part le porte-parole des talibans qui a qualifié cette décision de « vol » reflétant la « décadence humaine et morale » des États-Unis, le décret n’a pas suscité un vif émoi au niveau international. Et de toute façon, émoi et protestations ou pas, la première puissance mondiale a décidé et c’est tout. Depuis le départ des troupes occidentales d’Afghanistan, qui s’intéresse encore vraiment au sort des populations afghanes restées sur place?
Pour le Mali, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, le plus important aujourd’hui n’est pas de savoir ce que le départ de Barkhane signifie pour la France et son influence en Afrique mais ce que cela ouvre comme perspectives à court et à moyen terme pour la sécurité et la stabilité dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Vous estimez qu’il faut éviter l’isolement diplomatique et économique du Mali dont la stabilisation est une condition sine qua non pour la sécurité régionale et pour la préservation des acquis de l’intégration régionale
Tout à fait. Cette crise menace la dynamique déjà fragile de l’intégration régionale ouest-africaine sur les plans politique, sécuritaire et économique. Les déclarations peu courtoises de certaines autorités de pays voisins du Mali sont de nature à rendre difficile la coopération qui est et restera indispensable pour la sécurité régionale. L’excès de confiance de chacun dans la justesse de ses positions et la confrontation des egos peuvent créer des dégâts considérables.
Le retour ce 24 février de l’envoyé spécial de la Cédéao sur le terrain à Bamako va dans le bon sens et il faut espérer que les autorités de transition fourniront rapidement à l’organisation régionale le prétexte dont elle a besoin pour procéder à un allègement des sanctions économiques. Celles-ci n’atteignent manifestement pas leurs objectifs politiques ou ne les atteindront qu’à un coût très élevé. Ces sanctions rendent encore plus difficile la vie quotidienne des populations à quelques semaines du début du mois de Ramadan. Il y a peu de chances qu’une aggravation des crises politiques, socioéconomiques, alimentaires, éducatives dans les pays du Sahel soient dans le top 10 des préoccupations en France, en Allemagne ou en Russie. Et je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.
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Nouvelles Nioro du Sahel 29 et 30



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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)
La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)