Le Premier ministre Patrick Achi avec Téné Birahima et Alassane Ouattara, au palais présidentiel d’Abidjan, le 7 avril 2021. © REUTERS/Luc Gnago
Au vu de la liste rendue publique par des journaux proches du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ce 19 avril, le parti d’Alassane Ouattara joue la sécurité. Il alignera une dizaine de ministres et des présidents d’institution aux élections régionales qui doivent se tenir entre septembre et octobre.
Sur les 31 candidats du RHDP, plusieurs se présentent pour assurer leur propre succession. Résultat, peu de surprises. Parmi les têtes d’affiche du camp présidentiel, le Premier ministre, Patrick Achi, qui sera candidat dans son fief de la Mé, dans le sud de la Côte d’Ivoire. Le directeur de cabinet d’Alassane Ouattara, Fidèle Sarassoro, conduira la liste du parti dans le Poro afin de tenter de succéder à Tiémoko Yadé Francis Dominique Coulibaly, ancien cadre influent de la Société générale en Côte d’Ivoire.
Albert Mabri Toikeusse, qui a récemment réintégré le RHDP après s’en être un temps éloigné, conserve son fief, le Tonkpi. Pour l’heure, l’alliance annoncée avec le Front populaire ivoirien de Pascal Affi N’Guessan ne s’est pas encore matérialisée sur la liste des régionales.
Téné Birahima Ouattara candidat
Une dizaine de ministres participeront également au scrutin. Parmi eux, la seule femme en lice pour le RHDP, Anne Désirée Ouloto. La ministre de la Fonction publique, présidente sortante de la région du Cavally, fera face à un poids lourd du Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI, de Laurent Gbagbo) : Hubert Oulaye, le député de Guiglo.
Téné Birahima Ouattara, titulaire du portefeuille de la Défense et frère cadet du chef de l’État, se présente lui dans le Tchologo pour prendre sa propre succession. Il en est de même pour Bouaké Fofana, ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, qui se représente dans le Worodougou. L’ancien ministre de l’Environnement, Alain Richard Donwahi, est maintenu dans sa région de la Nawa.
Amédé Koffi Kouakou, ministre de l’Équipement, et Épiphane Zoro Bi Ballo, son collègue de la Promotion de la bonne gouvernance, sont respectivement candidats à Lôh-Djiboua et dans la Marahoué, située dans le centre de la Côte d’Ivoire, où l’annonce initiale de la candidature de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Adama Koné, avait provoqué des remous. Une autre figure du gouvernement, Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture, est en lice dans le Gontougo.
Récupérer des bastions du PDCI
Une des jeunes figures montantes du parti, Philippe Hien, visera sa propre succession dans le Bounkani. Cette région frontalière avec le Burkina Faso et le Ghana, qui abrite le parc de la Comoé, a par le passé été la cible d’attaques jihadistes. Elle fait l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et accueille des milliers de réfugiés burkinabè. Les autorités y ont lancé des programmes pour réduire le chômage des jeunes, construit des infrastructures et renforcé la présence militaire.
Alassane Ouattara a également chargé plusieurs cadres de récupérer des bastions du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui n’a pas encore rendu publique sa liste de candidats. C’est le cas par exemple dans le Bélier, où le président du Sénat, Ahoussou Jeannot, tentera de prendre le siège de son ancien camarade Yéboué-Kouamé Pascal, président sortant du conseil régional et vice-président du PDCI.
Dans le Haut-Sassandra, le ministre de la Promotion de la jeunesse, Mamadou Touré, par ailleurs porte-parole adjoint du gouvernement, essaiera de ravir sa place à une figure de l’ancien parti unique, Alphonse Djédjé Mady. Enfin, Jean-Claude Kouassi convoite dans l’Iffou le siège de Traoré Adam Kolia, vice-président du PDCI.
Nombreux arbitrages internes
Cette liste aura nécessité, depuis décembre, de nombreux arbitrages internes pour calmer les tensions et éviter d’éventuelles candidatures indépendantes. Après des protestations de militants contre le choix d’un candidat qui, selon eux, répondait à la volonté de la base, c’est finalement Moussa Dosso, ancien ministre et maire de Mankono, qui a été retenu dans le Béré. Dans la Bagoué, ce sera Bruno Koné, ministre de la Construction, qui défendra les couleurs du RHDP. Le président sortant du conseil régional, Siama Bamba, qui avait annoncé sa volonté de se représenter s’est finalement aligné sur la décision du parti.
Au sein du parti présidentiel, on attend désormais la publication de la liste des candidats aux municipales, qui se tiendront à la même période. Plusieurs ministres devraient également y figurer, notamment Kandia Camara, la cheffe de la diplomatie, qui devrait se représenter dans la commune d’Abobo. Les autres formations politiques n’ont pas encore annoncé leurs candidats. Mais sur le terrain, beaucoup sillonnent déjà le pays pour galvaniser leurs bases.