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En Côte d’Ivoire, Patrick Achi et plusieurs ministres candidats aux régionales

Après plusieurs semaines de report, le RHDP a enfin dévoilé la liste de ses candidats pour les élections de septembre-octobre. Voici ce qu’il faut en retenir.

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 19 avril 2023 à 19:48
 

 

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Le Premier ministre Patrick Achi avec Téné Birahima et Alassane Ouattara, au palais présidentiel d’Abidjan, le 7 avril 2021. © REUTERS/Luc Gnago

 

Au vu de la liste rendue publique par des journaux proches du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ce 19 avril, le parti d’Alassane Ouattara joue la sécurité. Il alignera une dizaine de ministres et des présidents d’institution aux élections régionales qui doivent se tenir entre septembre et octobre.

Sur les 31 candidats du RHDP, plusieurs se présentent pour assurer leur propre succession. Résultat, peu de surprises. Parmi les têtes d’affiche du camp présidentiel, le Premier ministre, Patrick Achi, qui sera candidat dans son fief de la Mé, dans le sud de la Côte d’Ivoire. Le directeur de cabinet d’Alassane Ouattara, Fidèle Sarassoro, conduira la liste du parti dans le Poro afin de tenter de succéder à Tiémoko Yadé Francis Dominique Coulibaly, ancien cadre influent de la Société générale en Côte d’Ivoire.

Albert Mabri Toikeusse, qui a récemment réintégré le RHDP après s’en être un temps éloigné, conserve son fief, le Tonkpi. Pour l’heure, l’alliance annoncée avec le Front populaire ivoirien de Pascal Affi N’Guessan ne s’est pas encore matérialisée sur la liste des régionales.

Téné Birahima Ouattara candidat

Une dizaine de ministres participeront également au scrutin. Parmi eux, la seule femme en lice pour le RHDP, Anne Désirée Ouloto. La ministre de la Fonction publique, présidente sortante de la région du Cavally, fera face à un poids lourd du Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI, de Laurent Gbagbo) : Hubert Oulaye, le député de Guiglo.

Téné Birahima Ouattara, titulaire du portefeuille de la Défense et frère cadet du chef de l’État, se présente lui dans le Tchologo pour prendre sa propre succession. Il en est de même pour Bouaké Fofana, ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, qui se représente dans le Worodougou. L’ancien ministre de l’Environnement, Alain Richard Donwahi, est maintenu dans sa région de la Nawa.

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Amédé Koffi Kouakou, ministre de l’Équipement, et Épiphane Zoro Bi Ballo, son collègue de la Promotion de la bonne gouvernance, sont respectivement candidats à Lôh-Djiboua et dans la Marahoué, située dans le centre de la Côte d’Ivoire, où l’annonce initiale de la candidature de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Adama Koné, avait provoqué des remous. Une autre figure du gouvernement, Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture, est en lice dans le Gontougo.

Récupérer des bastions du PDCI

Une des jeunes figures montantes du parti, Philippe Hien, visera sa propre succession dans le Bounkani. Cette région frontalière avec le Burkina Faso et le Ghana, qui abrite le parc de la Comoé, a par le passé été la cible d’attaques jihadistes. Elle fait l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et accueille des milliers de réfugiés burkinabè. Les autorités y ont lancé des programmes pour réduire le chômage des jeunes, construit des infrastructures et renforcé la présence militaire.

Alassane Ouattara a également chargé plusieurs cadres de récupérer des bastions du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui n’a pas encore rendu publique sa liste de candidats. C’est le cas par exemple dans le Bélier, où le président du Sénat, Ahoussou Jeannot, tentera de prendre le siège de son ancien camarade Yéboué-Kouamé Pascal, président sortant du conseil régional et vice-président du PDCI.

Dans le Haut-Sassandra, le ministre de la Promotion de la jeunesse, Mamadou Touré, par ailleurs porte-parole adjoint du gouvernement, essaiera de ravir sa place à une figure de l’ancien parti unique, Alphonse Djédjé Mady. Enfin, Jean-Claude Kouassi convoite dans l’Iffou le siège de Traoré Adam Kolia, vice-président du PDCI.

Nombreux arbitrages internes

Cette liste aura nécessité, depuis décembre, de nombreux arbitrages internes pour calmer les tensions et éviter d’éventuelles candidatures indépendantes. Après des protestations de militants contre le choix d’un candidat qui, selon eux, répondait à la volonté de la base, c’est finalement Moussa Dosso, ancien ministre et maire de Mankono, qui a été retenu dans le Béré. Dans la Bagoué, ce sera Bruno Koné, ministre de la Construction, qui défendra les couleurs du RHDP. Le président sortant du conseil régional, Siama Bamba, qui avait annoncé sa volonté de se représenter s’est finalement aligné sur la décision du parti.

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Au sein du parti présidentiel, on attend désormais la publication de la liste des candidats aux municipales, qui se tiendront à la même période. Plusieurs ministres devraient également y figurer, notamment Kandia Camara, la cheffe de la diplomatie, qui devrait se représenter dans la commune d’Abobo. Les autres formations politiques n’ont pas encore annoncé leurs candidats. Mais sur le terrain, beaucoup sillonnent déjà le pays pour galvaniser leurs bases.

Mort du chef de cabinet d’Assimi Goïta : ce que l’on sait de l’attaque

Au Mali, une délégation de la présidence a été attaquée le 18 avril à proximité de la frontière mauritanienne. Quatre personnes ont perdu la vie dans l’embuscade, dont l’adjudant Oumar Traoré, chef de cabinet du président de la transition.

Mis à jour le 20 avril 2023 à 17:46
 

 

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Assimi Goïta à Bamako, le 2 novembre 2022. © Photo by Malian Presidency / Handout / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

 

 

Ce mardi 18 avril, vers 17 heures, des hommes armés non identifiés ont attaqué une délégation composée d’au moins deux véhicules, mobilisée dans le cadre des « œuvres sociales » de la présidence malienne, alors que celle-ci cheminait aux abords de Nara, à une trentaine de kilomètres de la frontière mauritanienne.

Selon un communiqué de la présidence publié ce 20 avril, l’embuscade a fait quatre morts, parmi lesquels des employés d’une entreprise de forage, mais aussi des militaires. À ce stade, ni la présidence ni la communication des armées n’ont donné davantage d’informations sur les circonstances du drame.

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Le document confirme la mort de l’adjudant Oumar Traoré, dit Douglass, chef du cabinet du colonel Assimi Goïta, et du sergent-chef Mohamed Sangaré, agent de sécurité. Alassane Diallo, chauffeur, et Moussa Touré, opérateur du forage, figurent aussi parmi les victimes. Leurs funérailles doivent se tenir le 20 avril, sur la place d’armes de la base militaire de Kati, fief de la junte au pouvoir situé à quelques kilomètres au nord de Bamako.

L’armée attaquée dans la même zone

L’attaque n’a pour l’heure pas été revendiquée, bien que des combattants de la katiba Macina, qui a prêté allégeance au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghali, soient présents dans cette zone.

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Certaines sources évoquent également la disparition d’une ou deux personnes, et la présidence confirme que le chauffeur Kissima Keïta n’a pas réapparu. Le chef d’un village voisin, Sidy Mohamed Ould Lamba, serait également introuvable.

Selon un communiqué de l’armée publié ce 19 avril, « la prompte réaction » des Forces armées maliennes (Fama) aurait permis de récupérer « un véhicule de la mission avec deux rescapés ». Le second véhicule, lui, a été incendié. L’armée, qui indique avoir été attaquée par les « mêmes assaillants » dans cette zone aux alentours de 19 heures le même jour, assure avoir neutralisé trois combattants et poursuivre son ratissage.

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Jacques Gaillot, « l’évêque rebelle »

Celui qui fut évêque d’Évreux pendant treize ans, avant d’être démis en 1995 par Jean-Paul II devenant alors l’évêque du diocèse disparu de Partenia, est mort mercredi 12 avril à 87 ans. Son éviction avait ému toute une frange de l’Église.

  • Claire Lesegretain (avec Héloïse de Neuville et Malo Tresca), 

 

Jacques Gaillot, « l’évêque rebelle »
 
Jacques Gaillot (au centre) lors d’une action en faveur de la régularisation de sans-papiers, à Lille (Nord), en 2013.BERTRAND GUAY/AFP

Son nom restera à jamais associé au choc que suscita son départ. Mgr Jacques Gaillot, l’ancien évêque d’Évreux (Eure) démis de sa charge épiscopale en janvier 1995 par Jean-Paul II, est mort mercredi après-midi, à l’âge de 87 ans, des suites d’un cancer. « Au-delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries », a réagi la Conférence des évêques de France (CEF), avec laquelle il fut, des années durant, en conflit ouvert.

« On dépeint souvent Jacques Gaillot comme un rebelle et un contestataire, mais au départ c’est un catholique tout à fait classique », retrace le journaliste Michel Cool, qui l’a bien connu. De fait, ce n’est qu’en devenant évêque d’Évreux, en 1982, que Mgr Gaillot a commencé à faire parler de lui. Né en 1935 à Saint-Dizier (Haute-Marne), dans «un milieu conservateur de droite », selon sa propre description, il avait décidé très jeune de devenir prêtre. Après son service militaire en Algérie (1957-1959) qui le marqua profondément – « l’excès de violence m’a poussé à la non-violence » – et une licence de théologie à Rome, il est ordonné prêtre en 1961 pour le diocèse de Langres (Haute-Marne). Il devient directeur de séminaire puis vicaire général du diocèse.

Dès 1983, Jacques Gaillot vote contre le texte « trop prudent » des évêques sur le nucléaire et prend la défense d’un objecteur de conscience. Les années suivantes, il défend des positions publiquement contraires à celles de l’Église : il salue le film de Martin Scorsese La Dernière Tentation du Christ (1988) qui fait scandale, se prononce pour l’usage du préservatif contre le sida… « J’essaie d’être un évêque à la manière de saint Paul, qui aimait annoncer l’Évangile aux païens », se justifie-t-il.

En 1994, des émissions de France 2 puis d’Arte propulsent à nouveau « l’enfant terrible d’Évreux » sous les feux des médias et lui valent d’être convoqué le 12 janvier 1995 à Rome. Selon son récit, le cardinal Gantin, préfet de la Congrégation pour les évêques, lui aurait demandé de présenter sa démission écrite, ce qu’il refusa. Il sera alors « transféré » évêque de Partenia, un diocèse fantôme sans églises ni catholiques depuis des siècles, en Algérie. « Cette sanction peut paraître disproportionnée aujourd’hui, mais il faut bien la resituer dans le contexte très tendu dans lequel Jean-Paul II veillait à limiter à la fois l’influence du gauchisme et des intégristes », relève Michel Cool.

Cette décision, perçue comme unilatérale et brutale, suscite une forte émotion en France, « notamment dans la frange gauche du catholicisme, pour qui il représentait le symbole d’une Église humaniste et ouverte », se souvient encore Michel Cool. 20 000 fidèles viendront à sa dernière messe à la cathédrale d’Évreux, le 22 janvier 1995. Près de 40 000 lettres de protestation seront reçues à la nonciature, sans parler d’une campagne de soutien qui donnera lieu à la publication de deux ouvrages.

« L’affaire Gaillot » devient le symbole d’un malaise profond qui s’aggrave quand il rejette les missions que la CEF lui propose pour lui trouver un statut. L’évêque rebelle préfère poursuivre son combat pour les droits des exclus. Avec Albert Jacquard et Léon Schwartzenberg, il fonde l’association Droits devant ! pour aider les sans-papiers et les Roms. Soutenu par l’abbé Pierre, il vivra lui-même un an au milieu de 300 démunis dans un squat parisien.

Défenseur de la cause palestinienne, il dénonce les ventes d’armes, embarque sur un bateau de Greenpeace, visite des prisonniers tel Yvan Colonna… Il est aussi sollicité pour bénir des couples de divorcés remariés ou de personnes homosexuelles. Critiqué au début des années 2000 pour sa mauvaise gestion du cas d’un prêtre pédophile canadien, Denis Vadeboncœur, accueilli dans le diocèse d’Évreux et laissé en paroisse au contact d’enfants, il reconnaît son erreur, déclarant : « Àl’époque, j’accueillais celui qu’on me demandait de prendre. »

Invité par des médias, il apparaissait toujours placide, affirmant n’avoir « aucune amertume » à l’égard de sa hiérarchie. «Je ne suis pas fait pour les honneurs ; je suis toujours du côté des humbles, répétait-il. La force d’une Église, ce sont ses liens avec les exclus. » Des propos qui pouvaient rappeler ceux du pape François invitant à « aller aux périphéries ». Mgr Gaillot lui avait d’ailleurs écrit en 2015 et, quelques semaines plus tard, le pape l’invitait au Vatican. Une rencontre perçue alors comme une reconnaissance, mais pas comme une réhabilitation.

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)