Témoignages

 

Kamala Harris au Ghana : « Nous sommes “à fond” sur l’Afrique »

La vice-présidente américaine a appelé à plus d’investissements dans l’innovation sur le continent « qui façonnera l’avenir du monde ». Elle se rendra en Tanzanie le 29 mars.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 29 mars 2023 à 10:26
 
 Kamala
 
 
 

Kamala Harris au palais Emintsimadze à Cape Coast, au Ghana, le 28 mars 2023. © Nipah Dennis / AFP

 

 

Au Ghana pour la première étape de sa tournée africaine, la vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé à davantage d’investissements dans l’innovation en Afrique, « l’avenir du monde ».

À LIREJoe Biden concrétise son virage diplomatique en Afrique

« Les idées et innovations africaines façonneront l’avenir du monde, et donc nous devons investir dans l’ingéniosité et la créativité africaines, qui déboucheront sur une croissance économique et des opportunités incroyables », a-t-elle déclaré devant des entrepreneurs réunis à Accra.

Le 27 mars, elle avait déjà annoncé 139 millions de dollars d’aide au Ghana, en proie à une grave crise économique, ainsi que 100 millions de dollars pour aider le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo à lutter contre la menace jihadiste venue du Sahel.

« Partenaire inébranlable »

Kamala Harris a mis l’accent sur plusieurs domaines qui, selon les États-Unis, pourraient profiter de plus d’investissements : l’émancipation des femmes, l’économie numérique, la bonne gouvernance et la démocratie. Évoquant les nombreux défis de la région, notamment l’insécurité, le changement climatique et les obstacles à la croissance économique, la vice-présidente américaine a assuré que Washington resterait « un partenaire inébranlable pour le progrès ».

« Nous sommes “à fond” sur l’Afrique », a-t-elle ajouté, reprenant les mots de Joe Biden lors du sommet États-Unis-Afrique l’an dernier.

À LIREPourquoi l’Afrique soutient le candidat des États-Unis à la Banque mondiale

La vice-présidente a visité le Fort de Cape Coast, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, d’où les esclaves étaient embarqués pour l’Amérique et les Caraïbes. « On ne doit jamais oublier l’horreur de ce qui s’est passé ici », a-t-elle déclaré, « cela ne peut pas être nié, il faut que cela soit enseigné, l’histoire doit être apprise et nous devons ensuite être guidés par ce que nous savons aussi être l’histoire de ceux qui ont survécu en Amérique, a-t-elle ajouté.

Le 27 mars, lors d’un repas avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, Kamala  Harris a fait l’éloge des initiatives appelées « Année du retour » et « Au-delà du retour », qui encouragent les descendants d’esclaves à « rentrer chez eux » depuis 2019. « Des centaines de milliers de Noirs américains et de membres de la diaspora du monde entier sont venus ici il y a quatre ans (…). Beaucoup d’autres s’y rendent chaque année. Votre vision, monsieur le Président, a rendu cela possible », a-t-elle affirmé.

(avec AFP)

 
kiye2022
 
 
La semaine sainte :
 
le mystère de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ en abrégé

(Une réflexion du Père Vincent KIYE, Mafr)
Chaque année, les chrétiens vivent la semaine sainte en s’appuyant sur des traditions et des rituels qui les aident à entrer dans le mystère de la passion du Christ ; un des événements centraux de cette semaine. Un des moments caractéristiques de cette semaine est la lecture du récit de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ que nous lisons le dimanche des Rameaux et le vendredi Saint. S’il y a des questions que nous pouvons nous poser c’est celle de savoir pourquoi l'Eglise nous propose-t-elle cette lecture du récit de la passion du Christ chaque année et deux jours sur sept ? Quel sens donne-t-elle à ce récit de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ pour une telle reprise? Quelle théologie se cache-t-elle derrière la lecture de ce récit ? Nous avons voulu répondre à toutes ces questions en les inscrivant dans la dynamique de toute la semaine sainte; une semaine très dense qui donne de lire tout le mystère du Christ en abrégé.
 
 
 
I. De la passion de Jésus à la résurrection du Christ, un voyage vers les raisons de croire (Mc 14, 1—15, 47)
A regarder de près, les lectures de la semaine sainte nous font faire un voyage en de Jésus de Nazareth au Christ ressuscité en passant par sa passion et sa mort. C’est pendant cette semaine que nous comprenons réellement que le Christ ressuscité est bel et bien le Jésus de Nazareth qui a aimé les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les enfants et leurs parents. Un homme de tout le monde sans distinction de de race, langue, peuple et nation. Un homme tout donné pour les autres. En revanche, c’est le même qui a été trahi, arrêté, cloué et crucifié sur le bois, mort et enseveli mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts le troisième jour. Ce parcours est riche de sens pour la vie des chrétiens que nous sommes. Ainsi, que la tradition de l’Eglise retienne cette lecture de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ à deux reprises au cours de la même semaine n’est pas anodin. C’est pour retenir notre attention sur ce parcours de la vie du Christ qui enlève à nos souffrances quotidiennes, le poids de la malédiction pour en faire un voyage vers la gloire sans fin. La lecture de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ devient ici une pédagogie sans précédente qui nous permet de lire nos souffrances ou nos épreuves quotidiennes sur le modèle Christ et y trouver les raisons de croire à l’intervention de Dieu dans la vie de ceux et celles qui lui restent fidèles à l’exemple du Christ sur la croix. Nous pouvons relever ici trois caractéristiques majeures de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ:
1. La persévérance :
 
 
C’est le fait de résister, de durer dans ce que vous faites ou dans un état. C’est une vertu qui nous dispose à la résistance devant les épreuves de la vie parce que nous savons que celui qui nous a appelés à l’existence ne nous abandonnera jamais, en raison de son plan de salut sur chacun de nous. Jésus en effet n’a pas démissionné de sa mission de berger, de Messie au moment de l’épreuve, ni abandonner ses amis. Dans l’angoisse mortelle qui l’étreignait, il aurait exposé ses amis ! Mais il a préféré les protéger jusqu’au bout : « Si donc c’est moi que vous vous cherchez, laissez aller ceux-ci » (Jn 18, 8). Il a ainsi persévéré parce qu’il avait une nette conscience de l’amour dont le Père l’aime et il savait que Dieu  son Père ne l’abandonnera jamais et il avait pleinement confiance en lui. Que faisons-nous dans nos moments d’épreuves ou de souffrance ? Restons-nous fidèles et confiants au Seigneur ou bien notre foi chancelle ? Par sa confiance indéfectible en Dieu dans la souffrance, Jésus a enlevé en l’épreuve endurée dans la foi, le pouvoir de nuisance pour en faire chemin de grâce pour la gloire sans fin.
2. La confiance en Dieu :
 
 
C’est une assurance, une hardiesse…le sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre. On ne peut se fier qu’à quelqu’un qui est crédible, qui accomplit ce qu’il dit. Faire confiance à une personne, c’est se sentir en sécurité dans la relation avec elle ; c’est s’attendre à ce que ses comportements envers nous soient bienveillants et restent prévisibles. Dieu n’a jamais cessé de faire preuve de bienfaisance envers nous, depuis la création du monde, depuis le premier jour de notre existence. En nous appelant à l’existence, il a un plan sur chacun de nous. Peu importe les circonstances de la vie, il ne démissionnera jamais. Que nous vivions ou que nous mourions, notre vie est dans sa main. Voilà la raison de lui faire confiance, de nous abandonner entièrement à lui. Jésus lui a fait confiance jusqu’aux derniers instants de sa vie. Il ne s’est pas révolté contre lui. Il dialoguait toujours avec lui : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ma volonté mais que ta volonté soit faite » (Lc 22, 42). Dieu ne peut jamais rester indifférent à un cœur qui s’ouvre de cette façon à lui, qui lui fait tellement confiance comme Jésus, surtout dans les moments de souffrance ou d’épreuve. 
3. Le sens du pardon :
 
 
C’est tenir une offense, une faute pour nulle et renoncer à la vengeance tant sur le plan personnel qu’institutionnel pour poursuivre ou punir les responsables. Pardonner à quelqu’un a un lien direct avec la confiance en Dieu. Quand je sais que ma vie dépend de Dieu et Dieu seul, peu importe les offenses ou les attaques, je reste stoïque, impassible ou courageux. Je reste au-dessus de l’offense parce que je sais que Dieu est capable de m’élever et de me restituer la dignité dégradée par les outrages. Et par surcroit, je me moque de l’offense ou des attaques par un acte hautement chrétien qu’est le pardon. 
Disons-nous la vérité, à la suite d’une trahison ou d’une offense, il est souvent difficile de pardonner. La déception et la souffrance étant tellement fortes qu’il est impossible de quitter l’état de la colère et de la haine. N’oublions cependant pas que pardonner permet de se sentir plus léger et de retrouver le chemin de l’apaisement pour mieux avancer. Jésus nous en a montré l’exemple depuis la croix. Il pria pour ses bourreaux et implora le pardon de Dieu sur eux : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » L’endurance dans les épreuves et un tel degré de confiance en Dieu ne pouvait que lui valoir un mérite supérieur : la résurrection, le rendant incompatible à la réalité terrestre des pécheurs et des rancuniers. Ainsi, la terre ne pouvait pas l’absorber sinon l’éjecter. 
 
II. La résurrection du Christ comme conséquence de sa persévérance et de sa confiance en Dieu dans les épreuves (Jn 20, 1–9)
 
Dans son Evangile au chapitre 20 le verset 9, Saint Jean confirme de Jésus qu'« ... il fallait qu’il ressuscite d’entre les morts !» Qu'est-ce qui le légitime de faire une telle affirmation? Qu'est-ce qui lui donne l’audace pour une telle confirmation? Et nous, que pouvons-nous retenir de la résurrection du Christ sur le plan pastoral ? La résurrection du Christ reste un événement sans précédent et est très liée à la vie publique de cet homme de Nazareth. Une vie dont la qualité de son humanité ne laissa personne indifférent et ne devrait qu’être couronnée de gloire et d’honneur à son terme. Et aux dires de saint Jean : « …il fallait qu’il ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9). Ceci dit, la résurrection du Christ nous incite ainsi à imiter son exemple de vie de confiance indéfectible en Dieu, de persévérance dans les épreuves mais aussi et surtout du pardon de nos bourreaux. Tout cela nous rend agréable à Dieu et participants des réalités d’en haut.
Relire la passion de Jésus redynamise ainsi notre détermination à faire la volonté de Dieu à agir selon le bien, peu importe les vicissitudes de ce monde. Elle nous inspire ainsi, les vertus de la persévérance et de la confiance en Dieu dans la souffrance ; mais surtout le sens du pardon de nos bourreaux. Elle devient pour ce faire, un remède incroyable contre nos manques de courage et de persévérance, contre nos manques de maîtrise devant les situations angoissantes, surtout devant les échecs de la vie. 
Jésus a vécu tout cela de façon authentique. Condamné injustement et maltraité par ceux-là même qu’il avait nourris et guéris de toutes maladies et de toutes infirmités ; ceux qu’il avait délivrés des esprits impurs, il ne proféra aucune menace ni vengeance. Et pourtant il en avait le pouvoir. Essoufflé et écrasé par le poids de la souffrance mais surtout bouffé par la douleur, il ne s’était nulle part révolté contre celui qui l’avait envoyé. Il est resté fidèle à la mission reçue de son Père, se remettant toujours à lui à chaque instant. Parce qu’il avait fait de la volonté de son Père sa nourriture quotidienne, l’être tout entier de Jésus devint incompatible à la corruption du tombeau et la terre ne pouvait qu’éjecter son corps. Voilà le message que nous pouvons tirer de la passion et de la résurrection du Christ qui devient ainsi pour nous, une école pour apprendre la persévérance, la confiance et la joie du pardon pour la gloire sans fin.
Conclusion
S’il est vrai que la semaine sainte s’ouvre avec le récit de la passion de Jésus et se s’achève avec celui de la résurrection du Christ, il y a lieu de rétablir un lien logique entre les deux grands moments de la vie de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce que nous avons tenté de démontrer tout au long de cette rédaction. Nous avons certes, nous aussi et cela, chacun dans le cadre qui est le sien, reçu une mission de la part du Seigneur comme le Christ. Qu’en faisons-nous et comment nous y prenons-nous ? Tu es père ou mère de famille, époux ou épouse, consacré, prêtre ou laïc, tu as toi aussi reçu une mission de la part du Seigneur à exercer avec persévérance et fidélité, toujours tourné vers le Maître de toute mission. Que les épreuves de la vie ne nous détournent pas de Dieu. Au contraire, qu’elles soient des moments par excellence de redynamiser notre relation avec lui, à l’exemple du Christ dans l’épreuve de sa passion.
 
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique 
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 
WhatsApp :+22372657482

IMG 20230324 0002

IMG 20230324 0003

Olivia Rouamba, la diplomate des putschistes burkinabè

Après avoir été celle du lieutenant-colonel Damiba, elle est désormais la ministre des Affaires étrangères du capitaine Traoré. Un poste exposé, où elle met en œuvre la politique de rupture diplomatique des autorités de transition.

Mis à jour le 20 mars 2023 à 14:01

 olivia

 

La ministre des Affaires étrangères du Burkina, Olivia R. Rouamba. © MAECRBE



Rares sont les ministres qui parviennent à conserver leurs postes après un putsch. Olivia Rouamba, elle, a réussi cet exploit. Nommée ministre des Affaires étrangères par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba après son coup d’État, en janvier 2022, cette diplomate de carrière a su garder la confiance du capitaine Ibrahim Traoré, à son tour tombeur de Damiba en septembre de la même année.

Sa carrière dans l’administration publique, Olivia Rouamba l’a démarrée il y a plus de deux décennies en tant qu’agent au ministère du Tourisme. Elle se tourne rapidement vers la diplomatie et rejoint le ministère des Affaires étrangères. En 2007, elle intègre l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), à Vienne, où elle est chargée du programme spécial sur les pays de l’Union du fleuve Mano (Sierra Leone, Guinée, Liberia et Côte d’Ivoire). Après un passage à Pretoria comme conseillère à l’ambassade du Burkina Faso, et un autre à Addis-Abeba au bureau de la présidente de l’Union africaine (UA), elle est nommée ambassadrice en Éthiopie par le président Roch Marc Christian Kaboré, en 2021.

De Damiba à Traoré

En février 2022, son nom est soufflé par Djibrill Bassolé, ancien influent ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, au lieutenant-colonel Damiba. Le nouvel homme fort de Ouagadougou le retient et fait de Rouamba la cheffe de sa diplomatie. Dans les mois qui suivent, elle donne satisfaction à ce poste sensible et exposé. Suspendu de la Cedeao en raison de son putsch, le Burkina Faso conserve toutefois des relations plutôt apaisées avec ses voisins et ses partenaires internationaux.

À LIREAu Burkina Faso, le difficile apprentissage du pouvoir d’Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla

En septembre, c’est au tour de Damiba d’être renversé par un coup d’État. Le jeune capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, prend les rênes du pays. Il décide de maintenir Olivia Rouamba, dont il a apprécié le travail, comme ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela. Comme ce dernier, le secrétaire général du gouvernement, ou encore le colonel Boukaré Zoungrana, le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, cette protestante pratiquante fréquente l’église du pasteur Emmanuel Sawadogo sur la route de Yako, dans le nord-ouest de Ouagadougou.

Proche des Bounkoungou

Selon nos informations, elle y aurait fait la connaissance d’Alizéta Bonkoungou, la fille aînée du milliardaire Mahamadou Bonkoungou, le patron du groupe Ebomaf. Cette proximité fait dire à certains que Rouamba est devenue une proche du puissant homme d’affaires. Ce dernier avait notamment affrété un jet privé qui l’avait ramenée en urgence à Ouagadougou lors du coup d’État contre Damiba.

Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, le capitaine Traoré a nettement remis en question ses relations avec Paris et s’est rapproché de Moscou. Un revirement diplomatique semblable à celui adopté par la junte au pouvoir à Bamako, avec laquelle le régime de transition burkinabè entretient désormais des liens étroits. Pour certains, Rouamba a été l’une des artisanes de ce basculement. Pour d’autres, elle ne serait qu’une exécutante des orientations décidées par Traoré et son premier cercle, lesquels « dictent le tempo », selon une source bien introduite.

Rupture avec Paris

Si Damiba, en exil à Lomé, était mu par une diplomatie de voisinage dans la continuité des régimes déchus, Traoré s’inscrit en revanche dans une volonté de rupture et souhaite se tourner vers de nouveaux partenaires – notamment russes, turcs ou encore iraniens. Après les multiples manifestations – parfois violentes – de ses partisans contre la présence française dans son pays, le président de transition a fait monter la pression d’un cran avec Paris en exigeant le départ des forces spéciales françaises basées au Burkina Faso dans le cadre de l’opération Sabre.

À LIRELe départ de Sabre, un pas de plus vers la rupture entre le Burkina Faso et la France

Le 18 janvier, c’est par un document estampillé du ministère des Affaires étrangères que les autorités burkinabè demandent à mettre fin à l’accord relatif au statut des forces armées françaises sur leur territoire. « [Ibrahim Traoré] a géré directement le dossier du départ de Sabre avec Olivia Rouamba », affirme un proche du pouvoir. Selon des sources concordantes, la ministre des Affaires étrangères jouit d’une oreille attentive auprès du chef de la junte.

Bien qu’elle demeure un personnage prépondérant du régime de transition, Rouamba est critiquée en interne sur l’efficacité de son action diplomatique. Certains hauts responsables du ministère des Affaires étrangères se montrent en effet sceptiques sur l’approche belliqueuse adoptée envers Paris. « Certains choix ont montré des limites, comme le fait de se rapprocher du Mali. Il y a une forme d’isolement à la malienne qui ne permet pas à la diplomatie burkinabè d’être pleinement au service de la lutte contre le terrorisme, décrypte Wendyam Hervé Lankoandé, analyste au cabinet Control Risks. “IB” et Olivia Rouamba rament à contre-courant de la tradition diplomatique du pays et cela ne plait pas à tout le monde. »

Pape Alé Niang : « Il suffirait que Macky Sall dise qu’il n’est pas candidat pour que le Sénégal respire »

Toujours accusé d’avoir divulgué des informations susceptibles de nuire à la défense nationale, le rédacteur en chef de Dakar Matin appelle le chef de l’État à clarifier ses intentions pour la présidentielle de février 2024.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 21 mars 2023 à 08:14
 

 pape

 

 

Le journaliste sénégalais Pape Alé Niang. © Dakar Matin

 

Depuis sa libération le 10 janvier dernier, après presque deux mois d’incarcération, Pape Alé Niang se fait discret. Placé sous contrôle judiciaire, le rédacteur en chef de Dakar Matin se remet de sa longue grève de la faim. Toujours accusé de « diffusion de documents militaires de nature à nuire à la défense nationale » et de « divulgation de fausses nouvelles », il n’a pas le droit de s’exprimer sur l’affaire, mais revient sur les tensions politiques qui croissent à mesure que se rapproche la présidentielle de février 2024.

À LIREPape Alé Niang, itinéraire d’un journaliste sénégalais indocile

Jeune Afrique : Comment allez-vous, plus de deux mois après votre libération ?

Pape Alé Niang : Sur 62 jours de détention, j’ai fait 31 jours de grève de la faim, donc à ma libération j’étais très faible, je n’arrivais pas à marcher. J’ai été hospitalisé une semaine et je continue à suivre un traitement pour retrouver un rythme alimentaire normal. Je vis en permanence avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, et mon contrôle judiciaire m’interdit de quitter le Sénégal. À ma sortie de prison, j’ai d’ailleurs demandé à aller me faire soigner en France, en région parisienne, mais ma demande a été refusée.

Vous avez, durant votre incarcération, reçu de nombreux soutiens, y compris depuis l’étranger. Comment l’avez-vous vécu ?

Cela m’a donné la force de me battre. Lorsque j’étais à la prison de Sébikotane, l’administration pénitentiaire m’a même dit qu’à cause de moi, le jour des visites était le plus fatigant tant je recevais de monde !

Un deuxième journaliste, le chroniqueur Pape Ndiaye, a été écroué le 7 mars. Cela vous inquiète-t-il ?

Macky Sall avait affirmé lors de son élection en 2012 qu’aucun journaliste n’irait en prison sous sa magistrature. Force est de constater que ces derniers mois, le pouvoir a choisi la stratégie de l’intimidation, l’humiliation et l’emprisonnement. Il est devenu risqué d’exercer son métier librement au Sénégal pour ceux qui ne font pas du journalisme de palais et qui, comme moi, sont étiquetés comme étant proches de l’opposition.

À LIREComment Ousmane Sonko soigne son image hors du Sénégal

Dans le fond, cette étiquette ne me dérange pas tant que ça ; d’ailleurs, quand Macky Sall se trouvait dans l’opposition, j’y était aussi. J’ai même été très proche de lui au début des années 2010, lorsqu’il était persécuté ou accusé de blanchiment d’argent par l’ancien président Abdoulaye Wade. Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est lui.

Comment l’expliquez-vous ?

Tout cela est lié au fait que le président souhaite briguer un troisième mandat consécutif, alors que la Constitution le lui interdit [Macky Sall n’a pour l’instant pas dit s’il comptait se représenter]. Pourtant, en 2016, il avait fait le tour des chefs religieux du Sénégal pour leur assurer que la révision constitutionnelle qui restaurait le quinquennat ne changerait rien et qu’il ne ferait que deux mandats. Il justifiait même cette réforme en disait qu’il fallait éviter qu’un président ne tenter de s’accrocher au pouvoir, comme en 2012.

Récemment, même son ancienne Première ministre, Aminata Touré, a témoigné de son incompréhension en se demandant comment le président avait pu manifester avec elle à l’Obélisque contre Abdoulaye Wade et dire aujourd’hui que, s’il le souhaite, il peut briguer un deuxième quinquennat alors que cela équivaudrait à un troisième mandat.

À LIRETroisième mandat de Macky Sall : une publication de la présidence sénégalaise a-t-elle été supprimée ?

Et vous, pensez-vous qu’il va se présenter ?

Ce que je sais, c’est que pour préparer un dauphin, il faut du temps. Je pense aussi que si des pays partenaires, comme la France d’Emmanuel Macron, venaient à lui dire que ce n’est pas souhaitable qu’il soit de nouveau candidat, Macky Sall pourrait en tenir compte.

Malheureusement, on a l’impression que la France s’est mise au même niveau que la Chine et qu’elle ne se bat plus pour les valeurs démocratiques. La seule chose qui l’intéresse, c’est que ses entreprises remportent des marchés, alors que notre histoire commune est bien plus grande. Cela explique une certaine frustration et le fait que des entreprises françaises, comme Auchan ou Total, ont été visées par les jeunes.

Quel regard portez-vous sur la trajectoire d’Ousmane Sonko, le principal opposant du pays sur lequel pèse un risque d’inéligibilité ?

Il est amusant de constater qu’en 2011-2012, lors de ses discours pour accéder au pouvoir, Macky Sall prônait les mêmes choses qu’Ousmane Sonko aujourd’hui : il disait qu’il fallait travailler pour l’indépendance de la justice, remettre la République en place, respecter les institutions… Il allait même plus loin en accusant Abdoulaye Wade de recruter des mercenaires ! Pour de tels propos, on risquerait aujourd’hui la prison.

À LIREAu Sénégal, les leçons du non-procès d’Ousmane Sonko

Abdoulaye Wade avait ses défauts, mais il laissait l’opposition s’organiser, tenir des meetings ou des manifestations sans avoir à supplier le préfet. Aujourd’hui, il me paraît très clair que Macky Sall souhaite éliminer Ousmane Sonko de la course à la présidentielle. C’est lui qui doit décrisper la situation en permettant l’organisation d’une élection libre.

Le climat politique est déjà tendu…

Il est même explosif ! Il n’y a qu’à sortir à Dakar la veille d’une convocation d’Ousmane Sonko au tribunal pour se croire à l’intérieur de la bande de Gaza, avec des quartiers bunkerisés, des blindés et des policiers partout. Il suffirait que Macky Sall dise qu’il n’est pas candidat pour que le pays respire à nouveau.

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)