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Mali : quel avenir pour la Minusma ?

Après les Britanniques, les Ivoiriens ont annoncé leur retrait de la mission des Nations unies au Mali. Les conditions du maintien des autres Casques bleus est désormais en question, alors que Bamako est en conflit ouvert avec une partie de la communauté internationale.

Mis à jour le 22 novembre 2022 à 15:04

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Lors d’une mission de l’ONU au Mali au village d’Ogossagou, le 2 septembre 2022. © Minusma/Harandane Dicko

Il y a ceux qui se retirent, comme Londres et Abidjan l’ont annoncé, ceux qui y réfléchissent, comme les Allemands, qui pourraient faire cette annonce ce mardi 22 novembre, ceux encore qui ont au moins un temps suspendu leurs opérations. Neuf ans après le déploiement des 13 000 Casques bleus, les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) seraient-ils en train de fondre comme neige au soleil ?

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« Il est important de noter que la situation au Mali n’est pas différente de celle des autres opérations de maintien de la paix de l’ONU : des pays les rejoignent, d’autres les quittent aussi parfois. Aucun pays ne reste indéfiniment en tant que contributeur », a fait savoir le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Farhan Haq, semblant minimiser l’aspect politique des annonces récentes.

Un millier de Casques bleus en moins

Si les départs et arrivées de contingents sont effectivement chose courante, les annonces rapprochées de retrait et les inquiétudes soulevées par certains pays contributeurs marquent un virage dans la conduite de la mission onusienne. Avec le départ anticipé des contingents britannique et ivoirien, la Minusma, qui déployait en septembre 11 791 militaires, se voit amputée respectivement de 249 et 856 Casques bleus, sans compter les effectifs civils et policiers. Des pertes qui s’ajoutent à celles du contingent suédois, qui a également décidé de se retirer un an plus tôt que prévu.

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Des effectifs pour lesquels aucun remplacement n’a pour l’instant été annoncé, bien que Farhan Haq assure que « la Mission évalue l’impact des retraits prévus sur nos opérations, et [que l’ONU] est déjà en discussion avec un certain nombre de pays afin de combler les éventuelles lacunes ». Comme celles engendrées par le départ des Britanniques. Arrivé en décembre 2020, le contingent opérait au sein du « Long Range Desert Group », effectuant des missions de reconnaissance longue portée avec une capacité de trois semaines d’autonomie environ sur le terrain et offrait à la Minusma un accès dans des zones plus isolées.

Les Ivoiriens, eux, opèrent au sein de trois compagnies d’infanterie et de sécurisation des bases, réparties entre Mopti, dans le centre du pays et Tombouctou, au nord. Dans le contexte actuel, difficile de ne pas imputer la décision d’Abidjan à la dégradation de ses relations diplomatiques avec Bamako, alors que 46 soldats ivoiriens, déployés dans le cadre de la Minusma selon la Côte d’Ivoire, sont détenus au Mali depuis plus de quatre mois, accusés par les autorités d’avoir voulu déstabiliser le pays.

« Effet domino »

Avant la Côte d’Ivoire et le Royaume-Uni, l’Égypte, troisième pays contributeur avec un peu plus d’un millier de Casques bleus déployés selon les données disponibles sur le site des Nations-Unies, avait décidé de suspendre les activités de ses contingents. Au total, entre Le Caire, Londres et Abidjan, ce sont plus d’une vingtaine d’unités militaires, sur 114 au total, qui ont suspendu leurs opérations ou prévoient de le faire à court terme. D’autres pourraient suivre. Le gouvernement allemand a entamé des réflexions en ce sens et pourrait annoncer le retrait anticipé de ses 575 soldats ce mardi 22 novembre.

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Autant de départs qui représentent une perte de capacités pour la mission onusienne. Si les Britanniques ne fournissent pas d’appui logistique aux autres contingents, ce n’est pas le cas des Égyptiens et des Allemands. Les premiers fournissent principalement un travail d’escorte et de sécurisation des convois quand les seconds gèrent notamment l’hôpital militaire à Gao. Leur potentiel départ fait craindre un « effet domino » auprès des contingents européens qui bénéficient des services de santé et de la prise en charge des blessés par les Allemands. À moins qu’un autre pays ne décide de prendre le relais. « Mais qui voudrait déployer de nouvelles troupes dans les circonstances actuelles ? » interroge un chercheur.

Tension avec les autorités hôtes

Le spécialiste pointe « l’absence totale de coopération du gouvernement hôte ». Tant sur le plan politique, avec l’expulsion du porte-parole de la Minusma en juillet dernier, que sur le terrain, avec la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne et l’interdiction d’accès à certains terrains pour les enquêteurs de la division des droits de l’homme.

Dès le mois d’août, quinze pays contributeurs, principalement des États occidentaux, faisaient part de leur inquiétude quant à la poursuite de la mission dans le contexte actuel. Parmi les signataires, l’Allemagne, qui réfléchit actuellement à son avenir au sein de la force onusienne. Les drones de reconnaissance fournis par Berlin, et qui assurent la sécurité des patrouilles et l’identification des menaces, seraient pour l’instant empêchés de décoller du fait de restrictions aériennes, selon nos sources. De quoi interroger sur la pertinence de continuer à déployer des soldats et de l’équipement sur un territoire où la marge de manœuvre s’est drastiquement réduite.

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D’autres pays contributeurs, comme le Togo (715 Casques bleus), le Tchad (1 420), le Bénin (249) ou le Burkina Faso (630), pourraient être influencés par leur propre situation sécuritaire, à l’heure où la menace jihadiste s’étend dans l’ensemble du Sahel et vers les pays du golfe de Guinée. Si la participation à une mission de la paix de l’ONU peut s’avérer rémunératrice pour certaines armées aux moyens financiers limités, les gouvernements sahéliens et ouest-africains pourraient être contraints d’arbitrer entre leurs besoins nationaux et la manne financière que représente leur participation à la Minusma.

En juin prochain, le Conseil de sécurité de l’ONU devra décider s’il souhaite ou non renouveler le mandat de sa mission au Mali. Il pourrait aussi se résoudre à en redéfinir les contours, en limitant la Minusma aux affaires civiles et politiques et en supprimant son volet militaire, déjà largement entravé.

Sénégal : 2024 avec ou sans Macky Sall ? L’APR se divise

Maintenant que la page des législatives est tournée, le parti présidentiel se prépare pour le scrutin de février 2024. Mais la question du troisième mandat fait débat jusque dans ses rangs.

Mis à jour le 21 novembre 2022 à 15:20 
 
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Macky Sall a déjà dit par le passé et à plusieurs reprises qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. © DR.

Il a été le premier à acheter sa carte. Ce samedi 12 octobre, alors que battent les tambours et que les militants entonnent des chants à la gloire du chef – « Avec Macky jusqu’à la mort ! »–, Macky Sall a renouvelé son adhésion au parti qu’il a créé et qui l’a porté à la tête de l’État il y a dix ans. Une réunion « symbolique » aux allures de cérémonie – ou de coup d’envoi… À quinze mois du prochain scrutin présidentiel, prévu en février 2024, l’Alliance pour la République (APR) se « remobilise » pour conserver le pouvoir.

Mais qui portera les couleurs du parti ? Depuis sa réélection en 2019, le président laisse le flou planer sur sa candidature à un troisième mandat, qu’il avait promis dans le passé et à plusieurs reprises de ne pas briguer. Ce samedi, il s’est encore une fois bien gardé de se prononcer sur le sujet. D’autres l’ont fait à sa place.

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« Le moment est venu de ne plus attendre que le président Macky Sall dise que je suis candidat. L’APR a décidé, à travers ma voix […], de présenter le président Macky Sall, candidat de l’APR-Yaakaar et de la mouvance présidentielle. On ne s’en cache pas », plastronnait dans la presse, la veille de l’évènement, Mbaye Ndiaye. Le directeur des structures du parti, ministre d’État sans portefeuille, est l’un des premiers à avoir invité le président sénégalais à briser le silence et à se déclarer sa candidature pour 2024.

Silence présidentiel

Huit jours plus tard, une déclaration de Moustapha Kane, un cadre influent de la formation politique, faisait réagir les observateurs. Sur sa page Facebook, le président du conseil d’administration de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex) prenait publiquement le contre-pied de son camarade. Moustapha Kane compte parmi les plus anciens fidèles de Macky Sall, dont il a été le chef de cabinet lors de son passage à la tête de l’Assemblée nationale entre 2007 et 2008.

« Tous ceux qui incitent le président à faire un troisième mandat défendent juste leur propre intérêt. Le président n’a dit à personne qu’il veut faire un troisième mandat. Le Sénégal a besoin de paix et de stabilité », dit-il dans une vidéo de cinq minutes en wolof, attirant l’attention sur les dissensions internes que provoquent cette question sensible. « Si nous aimons [Macky Sall] comme on le prétend, nous devons l’aider à préserver son héritage très important, poursuit-il. Ce qu’il a fait dans ce pays, aucun autre président ne l’a fait. »

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Jusqu’ici, les membres de l’APR affichaient un front uni autour de Macky Sall. La plupart refusaient de voir dans la colère de l’ex-Première ministre, Aminata Touré, qui a claqué la porte du parti en septembre dernier pour protester contre le choix de porter Amadou Mame Diop au perchoir de l’Assemblée, le signe avant-coureur de divisions plus profondes.

« Au sein de l’APR, le seul chef à bord, c’est le président. Il donne les orientations, et il n’est pas possible de les discuter », assure Cheikh Sow, cadre de la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco) et membre du parti. Mais face au silence présidentiel, les langues se délient et, à mesure que le scrutin approche, différentes tendances se forment. Certains, comme Moustapha Kane, ne font plus mystère de leur volonté de voir le président laisser sa place. D’autres pensent déjà à la succession. « Ils se disent, “après Macky, c’est nous” », glisse un proche du chef de l’État. D’autres encore préfèrent voir comment le vent tourne avant de se prononcer. « Eux seront les premiers à quitter le navire quand il commencera à tanguer », prédit notre interlocuteur. Et puis il y a les « inconditionnels », ceux pour qui c’est « Macky ou rien ».

« Ni plan A ni plan B, que le plan Macky »

« Le problème du parti est qu’il n’y a pas eu de construction de succession. Au sein de l’APR, il n’y a ni plan A ni plan B. Il n’y a que le plan Macky, poursuit notre source. Dans le parti, la majorité est favorable à une nouvelle candidature, parce que personne d’autre n’apparaît en mesure de battre l’opposition aujourd’hui. Mais si le seuil de contradictions atteint un niveau trop élevé, le parti pourrait bien imploser. »

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Voir Macky Sall renoncer à tenter de briguer un troisième mandat reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore au sein de la tentaculaire coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY). « Le président reste le capitaine du navire. Et ce qui nous arrangerait, c’est qu’il se représente. S’il choisit un dauphin, nous aurons mille candidatures », ajoute Thierno Ahmadou Sy, ancien journaliste de l’audiovisuel public sénégalais encarté au sein du parti présidentiel. Et les ambitions et les rivalités ont déjà coûté cher à la majorité lors des élections locales et législatives de cette année.

« JE SUIS LOYAL AU PRÉSIDENT MACKY SALL, POURVU QUE CETTE LOYAUTÉ SOIT RÉCIPROQUE ! »

Car c’est bien au soir des législatives du 31 juillet que les divisions au sein de l’APR sont en réalité apparues. Ce jour-là, Abdoulaye Diouf Sarr, l’ancien ministre de la Santé, laisse éclater sa frustration au siège du parti situé dans la commune de Mermoz, au fur et à mesure que les tendances de vote montrent un recul de la majorité présidentielle et une percée historique de l’opposition, qui avait fait de la question du troisième mandat son cheval de bataille pendant la campagne.

« Il faut que Macky Sall comprenne que ce n’est pas nous le problème. C’est de lui que les Sénégalais ne veulent plus », s’emporte alors le responsable apériste, selon le récit qu’en feront plusieurs sources présentes lors de cette rencontre. Des propos qu’il dément avoir tenus, regrettant la « spéculation » autour de ces déclarations. « J’ai juste fait remarquer que si notre parti était uni, si les responsables avaient été solidaires, les choses auraient été différentes. Ces résultats sont ceux de la division, surtout au niveau de Dakar », précise l’actuel vice-président de l’Assemblée.

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Le 17 octobre, la conférence de presse qu’Abdoulaye Diouf Sarr organise pour lancer un mouvement politique « porté par des amis » prend l’allure d’un règlement de compte. « Je suis loyal au président Macky Sall, pourvu que cette loyauté soit réciproque ! Quand j’ai été injustement débarqué de mon poste de ministre, je l’ai vécu sereinement. Quand on a mis les saboteurs de ma campagne lors des locales dans le nouveau gouvernement, je n’ai rien dit. Ceux qui insultent sont promus aux postes stratégiques. Et ceux qui agissent avec discipline et courtoisie sont mis à l’écart. Quand le moment sera venu de voler de mes propres ailes, je [le ferai]. » Le nom d’Amadou Ba n’est pas prononcé, mais il fait peu de doute que le Premier ministre est directement visé.

Dilemme

Désormais rentré dans le rang, Abdoulaye Diouf Sarr refuse de revenir sur cette brouille. « Si Macky Sall est candidat, il aura le plein soutien du parti », répète-t-il. Un soutien unanime ? « La question de la constitutionnalité de sa candidature ne se pose pas, insiste un proche collaborateur du président. La question est d’ordre moral : il a dit qu’il ne le ferait pas. » Des déclarations qui sont sans cesse rappelées au chef de l’État par la société civile et par l’opposition, déjà mobilisées contre le troisième mandat.

En 2011, le pays s’était soulevé contre celui d’Abdoulaye Wade, qui avait échoué à se faire réélire dans les urnes. Qu’en sera-t-il aujourd’hui, alors que l’opposition détient quasiment la moitié des sièges à l’Assemblée nationale ? Le 27 octobre, un collectif de plusieurs organisations de la société civile, dont Y’en a marre, l’Afrikajom Center d’Alioune Tine ou la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), avait mis le pouvoir en garde. « Macky Sall doit respecter sa parole et annoncer au plus tard le 31 décembre qu’il ne sera pas candidat », insiste Alioune Tine.

« Ce n’est pas “après moi, le déluge”, mais partir maintenant serait comme rester au milieu du gué, rétorque un conseiller présidentiel. C’est un réel dilemme. Et la question du troisième mandat a finalement créé une césure au sein du parti. »

Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : coup de filet au port d’Abidjan

Plusieurs officiers et gendarmes sont soupçonnés d’avoir participé, à des degrés divers, à la dissimulation puis à la revente d’une partie d’un stock de cocaïne saisi en 2021 et évalué à environ 38 millions d’euros. Explications.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 16 novembre 2022 à 16:27
 
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Le port autonome d’Abidjan, en mars 2019. © ISSOUF SANOGO/AFP

 

 

Le commandant de gendarmerie en charge de la cellule anti-drogue du port autonome d’Abidjan a-t-il dissimulé une partie d’une importante saisie de cocaïne réalisée en 2021 par ses services ? C’est en tout cas ce que les enquêteurs ivoiriens, chargés de faire la lumière sur cette affaire, soupçonnent. L’homme a été interpellé fin août et placé en détention provisoire à la Maison d’arrêt d’Abidjan (MACA). Son arrestation a été suivie de celles de plusieurs gendarmes, entendus ce 14 novembre par un juge d’instruction.

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La saisie en question remonte à février 2021, plus précisément dans la nuit du 24 au 25. À l’époque, les autorités communiquent abondement sur cette affaire compte tenu de l’ampleur de la quantité de drogue trouvée au domicile d’un suspect : 48 sacs de 22 blocs de cocaïne chacun, soit 1 056 blocs pour une valeur de 25 milliards de F CFA (environ 38 millions d’euros).

« Transformée, la cocaïne peut valoir le triple »

La cocaïne est alors présentée à la presse dans les locaux du Groupe de sécurité portuaire. Selon un communiqué de la gendarmerie, c’est en exploitant un renseignement que des éléments de la cellule antidrogue du port – dont la zone d’action s’étend au sud d’Abidjan – ont mis la main sur deux individus en Zone 4 qui les ont conduits jusqu’à la marchandise, en provenance d’Amérique latine et stockée dans un domicile d’Angré.

L’opération de destruction est réalisée devant les caméras, en présence du procureur de la République Richard Adou, du commandant supérieur de la gendarmerie nationale Alexandre Apalo Touré et du secrétaire général de la préfecture d’Abidjan, André Martin Kakou, représentant le préfet d’Abidjan, ainsi que de plusieurs officiers et sous-officiers de la gendarmerie nationale. « Transformée, elle peut valoir le double ou le triple. Cela veut dire que ça peut susciter des appétits. Et c’est dangereux pour nous qui la conservons. Il était donc nécessaire de pouvoir, au vu et au su de tous, la détruire le plus tôt possible », s’inquiète alors Richard Adou.

8 milliards de F CFA de drogue dissimulée

La valeur de la drogue dissimulée pour être revendue au détail serait évaluée à près de 8 milliards de F CFA (environs 12 millions d’euros). Un autre officier de gendarmerie, travaillant dans le quartier des affaires du Plateau à Abidjan, serait aussi impliqué. Pour l’heure, à ce stade de l’enquête, aucun lien n’est établi entre cette affaire et celle, retentissante, du démantèlement en avril dernier d’un vaste réseau de drogue impliquant d’importants hommes d’affaires et plusieurs trafiquants internationaux.

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Consciente des trous dans la raquette, la gendarmerie ivoirienne envisage une vaste réorganisation de toutes ses services en pointe dans le cadre de la lutte anti-drogue. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui considérée comme un point de passage de plus en plus important dans le trafic opéré entre l’Amérique latine et l’Europe.

Minusma: la Côte d'Ivoire annonce à son tour le départ de ses troupes du Mali

 

Après la France, la Suède et le Royaume-Uni, la Côte d'Ivoire a annoncé un retrait de ses troupes déployées au Mali dans le cadre de la Minusma, la mission onusienne pour la stabilisation de la région. Au total, 900 casques bleus ivoiriens vont quitter progressivement le territoire malien d'ici août 2023.

Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji

La Côte d'Ivoire « confirme le retrait progressif des personnels militaires et de police ivoiriens déployés au sein de la Minusma », peut-on lire dans un courrier rédigé par la mission permanente de la Côte d'Ivoire auprès de l'ONU et adressé à Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations unies.

Les derniers soldats ivoiriens quitteront le territoire malien en août 2023, sans être relevés.

►Lire aussi : Le Royaume-Uni annonce le retrait anticipé de ses troupes du Mal

Le texte précise également que « la relève de la compagnie de protection basée à Mopti ainsi que le déploiement des officiers d'état-major et des officiers de police prévus respectivement en octobre et novembre 2022 ne pourront plus être effectués ».

Contexte tendu depuis l'affaire dite des « 49 militaires »

Cette lettre ne donne pas les raisons de ce « retrait progressif ». Mais il intervient alors que les relations diplomatiques entre le Mali et la Côte d'Ivoire se sont considérablement dégradées depuis l'affaire dite des « 49 militaires », des soldats arrêtés et placés aux arrêts à Bamako le 10 juillet dernier.

Si trois d'entre eux ont été libérés, 46 sont toujours détenus au Mali, accusés par la justice malienne de « tentative d'atteinte à la sûreté de l'État ». Le pouvoir malien les soupçonne par ailleurs d'être des « mercenaires » qui avaient pour mission de déstabiliser le pays.

De son côté, la Côte d'Ivoire a toujours réfuté ces accusations, assurant que ces soldats étaient appelés en opération de soutien logistique à la Minusma.

Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d'Ivoire et le Mali depuis le 28 juillet, mais les négociations n'ont toujours pas permis d'aboutir à un règlement de cette affaire.

►À relire : Mali : l'affaire des soldats ivoiriens détenus à Bamako « ne concerne pas l’ONU »

Dette : le Tchad obtient un accord inédit avec ses créanciers privés

Après deux ans de négociations dans le Cadre commun mis en place par le G20 et le Club de Paris, N’Djamena est parvenu à un accord de principe sur la restructuration de près de 3 milliards de dollars de sa dette extérieure.

Mis à jour le 14 novembre 2022 à 18:06
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À N’Djamena, sur la place de la Nation. © Abdoulaye Barry pour JA

 

« Nous attendions ce jour », a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué diffusé 48 heures après l’accord.

La dirigeante bulgare a également souligné que le traitement de la dette est « conforme aux objectifs du programme soutenu et approuvé par le FMI en décembre 2021 ». Une évolution qui réduit le risque de surendettement à un moment où les perspectives mondiales sont très incertaines. Et devrait par la même occasion ouvrir la voie à l’achèvement des première et deuxième revues de l’accord triennal de la facilité de crédit élargie (FCE) du Tchad autour du 22 décembre, « ce qui contribuera à mettre l’économie du pays sur la voie d’une croissance économique durable et de la réduction de la pauvreté ».

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Difficile entente avec Glencore

Le Tchad est le premier pays à parvenir à un accord dans le Cadre commun pour les traitements de dette du G20 et du Club de Paris, mis en place le 13 novembre 2020 et également promu par le FMI, qui avait été sollicité aussi par l’Éthiopie et la Zambie. Pour rappel, N’Djamena avait initialement conclu un accord avec ses pays créanciers en juin 2021, mais avait eu du mal à trouver un terrain d’entente avec le principal créancier privé : le négociant suisse de matières premières Glencore ainsi qu’un consortium de banques concernées.

Le 13 novembre, le FMI a donc officiellement salué le travail du comité coprésidé par la France et l’Arabie saoudite, et également composé de la Chine, de l’Inde, ainsi que plusieurs entités privées – dont le géant suisse du trading. Ce mécanisme est une également une première, car il marque l’entrée de la Chine dans le multilatéralisme, alors que Pékin refusait jusqu’alors de négocier auprès d’instances communes.

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Pas d’allègement de la dette

L’accord actuel appelle les créanciers du Tchad à reporter ou à rééchelonner sa dette en 2024, afin que le ratio service de la dette/recettes passe de 20 % à moins de 14 %, puis à 12,4 % d’ici à 2025. L’objectif étant de garantir que le niveau d’endettement du pays reste inférieur au seuil de « risque modéré de surendettement », notamment pour garantir la poursuite des prêts du FMI qui ne sont possibles que sous certaines conditions. En effet, en décembre 2021, alors que l’institution de Bretton Woods avait qualifié « d’insoutenable » la dette tchadienne, tout soutien financier était bloqué.

Toutefois, en prenant en compte la hausse des prix du pétrole qui a stimulé les revenus du pays, les créanciers ont refusé d’alléger sa dette. Le comité s’est cependant engagé à se réunir au cas où les prix du pétrole connaîtraient une nouvelle baisse. Une annonce vivement critiquée par le président de la Banque mondiale, David Malpass, qui a indiqué rester « profondément préoccupé » par la capacité à long terme du Tchad à rembourser ses 3 milliards de dollars de dette extérieure. Pour mémoire, la dette de N’Djamena a déjà été restructurée  en 2015 et en 2018.

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145 millions de dollars du FMI

D’après un communiqué publié le 11 novembre par le ministère tchadien des Finances, du Budget et des Comptes Publics, ce nouvel accord devrait permettre au pays de « restaurer la soutenabilité de la dette publique, tout en assurant une protection contre la volatilité des prix du pétrole grâce à l’introduction de mécanismes de traitement contingent ».

Plus concrètement, le Tchad devrait recevoir dans un premier temps 145 millions de dollars de financement de la part du FMI, mais cela uniquement après l’approbation des revues de l’accord triennal par le conseil d’administration. Cela devrait par la suite permettre de débloquer plusieurs centaines de millions de dollars de fonds supplémentaires de la part des créanciers bilatéraux et multilatéraux, dont la Banque mondiale.

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la dette Glencore

À ce jour, la dette commerciale du Tchad détenue par Glencore correspond à 700 millions de dollars, majoritairement à travers des accords de pétrole contre espèces conclus en 2013 et 2014. Car à cette époque, le pays n’avait pas accès au marché international de la dette.